[MUSIQUE] [MUSIQUE] Le besoin est assez simple. Le monde fait face à des enjeux qui sont considérables. On connait les tendances, ce sont des enjeux principalement d'inclusion et liés notamment à l'évolution démographique et sociale dans le monde. Donc comment on arrive à gérer cette évolution démographique en faisant de l'inclusion économique. Et puis on a face à ça, évidemment, les problématiques environnementales de changement climatique qui viennent se heurter complètement à cet autre enjeu. C'est-à-dire qu'on a donc deux enjeux qui potentiellement sont contradictoires. Et donc c'est là qu'est toute la difficulté de la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui. Or, pour résoudre ces problématiques-là, hé bien, il y a évidemment tout un tas de solutions. On peut se dire qu'il faut changer complètement le système, on peut, voilà. Il y a aussi des solutions technologiques qui vont nous aider à résoudre ça, mais je suis convaincu que le sujet de l'investissement dans l'avenir est un élément clé. C'est-à-dire comment on investit dans l'avenir, c'est la façon dont on voit le monde de demain. Et face à ça, il y a deux façons de voir les choses au sein du monde de la finance. Certains qui pensent que la finance est un outil neutre, c'est-à-dire que c'est simplement une boîte à outils qui est là pour choisir les projets qui sont les plus rentables et les moins risqués. Et que donc, finalement, la solution viendra des autres acteurs du monde économique, mais pas de la finance elle-même. Parce que la finance est juste là pour faire ce choix-là et pour mettre de la rationalité là où il n'y en a pas forcément. Et puis l'autre vision des choses, qui est la mienne, qui est celle d'un certain nombre de personnes avec moi, qui est de dire non, la finance n'est pas neutre. La finance au contraire peut avoir un rôle fort dans la façon de façonner cette économie de demain. Parce que, aujourd'hui, quand on fait un investissement, on ne peut pas dire qu'un investissement c'est uniquement une maximisation de profits sous contrainte de risques, c'est-à-dire que simplement de problématiques financières, c'est une aberration. Parce que investir, depuis toujours, depuis la nuit des temps, l'investissement ça embarque d'autres idées. Des idées d'empathie avec le porteur de projet, d'envie d'accompagner telle ou telle société dans le long terme. Et ces idées-là sont liées à la notion même d'investissement. Et donc si on oublie ça, on restreint la finance à un plus petit dénominateur commun qui est beaucoup trop réducteur. En fait la clé, d'une certaine façon, c'est comment on fait de l'innovation en réalité. C'est qu'est-ce que c'est que l'innovation en finance. Pendant très longtemps, l'innovation en finance, je dirais avant la crise, ça été de faire des produits de plus en plus complexes, de plus en plus opaques, que les gens ne comprenaient pas. Donc, ce qu'on a appelé toute la titrisation, les CDO, les CDS, enfin tous ces produits-là, qui ont abouti à un dérèglement du système parce que plus personne ne les comprenait. Et donc moi, ce que je pense qu'il faut faire aujourd'hui, c'est exactement l'inverse. Partir des vrais besoins, réels, et essayer de trouver les outils financiers qui vont répondre à ces besoins réels. Je vais vous donner quelques exemples. Il y en a un sur lequel on est en train de travailler aujourd'hui, qui me tient beaucoup à cœur et qui est assez marquant. C'est tout ce qui tourne autour de ce qu'on appelle le capital naturel. Aujourd'hui, investir dans la nature, investir dans le capital naturel, c'est essentiel. Parce que la déforestation, la dégradation des terres ont des impacts à la fois, bien sûr, climatiques, mais aussi des impacts environnementaux mais des énormes impacts sociaux, y compris sur les migrations et donc des impacts politiques, de conflits, etc. Donc régler, investir dans la nature, investir sur ces sujets-là, que ce soit sur les terres ou sur les océans, c'est absolument clé. Or aujourd'hui, ces investissements-là sont complètement à l'écart du monde financier traditionnel. C'est-à-dire que si vous voulez réhabiliter une terre en Afrique ou en Amérique latine qui a été fortement dégradée par la déforestation et par une très mauvaise utilisation non soutenable et qu'il faut investir sur une durée de 10 ans, 15 ans, il n'y a aucun financement aujourd'hui bancaire qui répond à ça. Et donc, on a identifié cette question, identifié ce problème. Alors grâce à nos rencontres, grâce à mes rencontres en l'occurrence avec les organismes de l'ONU, l'organisme de l'ONU qui combat la désertification, on identifie le sujet et ensuite on se dit mais quel est l'outil financier qui va nous permettre de faire ça? Quel est l'outil financier qui va nous permettre d'attirer de l'argent privé pour investir dans quelque chose qui apparaît aujourd'hui comme étant beaucoup trop risqué, mal appréhendé en termes de risques etc. Donc c'est ça qu'on a inventé. On est dans un monde, enfin, nous notre objectif c'est d'être une passerelle entre les investisseurs et les projets, c'est ça notre métier. Donc, quand on appréhende une problématique, on l'appréhende par : est-ce qu'elle a du sens, est-ce qu'il y a un besoin concret sur le terrain? Après, il faut confronter ça à aussi la demande, enfin l'argent qui est disponible. Et c'est là où ça devient quelquefois un peu plus compliqué. Parce que aujourd'hui, si vous prenez par exemple les besoins d'investissement dans les infrastructures durables, infrastructures durables, quand je dis ça, c'est les réseaux électriques, les énergies renouvelables, tout ce qui est assainissement dans les villes, ce que l'on appelle ville intelligente, Smart City etc. Parce que quand vous prenez les grands investisseurs aujourd'hui, institutionnels, par exemple les grands fonds de pension européens ou américains, quelle est leur problématique aujourd'hui? Le point positif c'est que, il y a un aspect conjoncturel, c'est qu'avec baisse des taux d'intérêt, ils sont très intéressés à investir sur des actifs de très long terme. Donc typiquement ils veulent investir dans des infrastructures. Et donc, assez logiquement, ils se disent l'infrastructure durable c'est bien pour nous. Et donc tous les grands fonds de pension ont décidé de passer de 1 à 2 % vers 3 à 5 % de leur portefeuille investis dans les infrastructures. Ça c'est une bonne chose. Le problème, c'est que aujourd'hui, leur appétit pour le risque est beaucoup trop faible et ils ont tendance à vouloir investir tous dans des infrastructures matures d'un point de vue technologie et situées dans des pays sûrs, c'est-à-dire les pays d'Europe continentale ou de l'OCDE. Donc toute la problématique pour les années qui viennent va être de réussir à faire bouger, à faire évoluer ça. C'est-à-dire à essayer d'aller chercher l'argent qui existe, qui est là, pour le tirer vers les endroits où on en a le plus besoin et très clairement, ça sera beaucoup plus dans des zones qu'on appelle aujourd'hui l'investissement à impact, mais qui en réalité sont des investissements dans des pays émergents en fait. C'est ça qui va se passer.