Si vous m'écoutez encore, c'est que vous avez décidé de ne pas regarder ailleurs. Nous nous retrouvons ensemble avec la ferme intention de changer le cours des choses. Il y a le feu, la maison brûle, certes ! Mais nous allons nous retrousser les manches pour arrêter l'incendie et reconstruire la maison commune. C'est peut-être une bonne définition du "ticket" dans Ticket for change. Avoir le point de vue d'ensemble de la magnitude des enjeux est nécessaire. Savoir que nous ne sommes pas seuls nous met un peu de baume au cœur, mais dans devenir entrepreneurs du changement, l'objectif est ailleurs. Nous voulons adopter, en la modifiant, la devise de Gabor Hevenesi, un jésuite hongrois de la fin du 17e, début du 18e, qui disait : "Prie comme si tout dépend de Dieu, agis comme si tout dépendait de toi. " Espérons donc de tout notre cœur et de toute notre force que les organisations institutionnelles internationales, les entreprises multinationales ou locales, les intervenants dans le domaine sociétal et environnemental puissent arriver à changer le cours des choses sur la planète. Puis, agissons comme si seule notre action permettra d'éteindre l'incendie autour de nous. Parlons d'abord rapidement du comment. Bénédicte Faivre-Tavignot l'a évoqué : nous pouvons, vous pouvez prendre des initiatives au niveau individuel, de différentes façons, en militant dans un parti, une association ou une ONG, en créant une entreprise à caractère social ou environnemental, en devenant entrepreneur social ou intrapreneur au sein d'une entreprise classique. Chaque engagement n'est pas exclusif des autres, d'ailleurs. Ainsi il n'est pas rare de voir un intrapreneur cherchant à engager son entreprise dans des projets de responsabilité sociétale et qui ait en même temps des responsabilités importantes au sein d'une association. Nous reverrons ces aspects plus tard. Il est important que chacun apporte sa pierre à l'édifice. Tony Meloto, entrepreneur social philippin, témoigne de la nécessité de la co-construction des solutions par l'ensemble des acteurs. Nous l'écoutons. Pour que vous puissiez changer d'échelle et avoir un plus grand impact, il est indispensable de travailler avec les grandes entreprises, de travailler avec les gouvernements, de travailler avec les institutions académiques, de travailler avec d'autres ONGs, de travailler avec la société civile. . . comme nous l'avons fait aux Philippines. Nous avons travaillé avec le gouvernement pour fournir des terres, des routes, un système d'exploitation de l'eau en collaboration avec les grandes entreprises. Nous avons construit une communauté de plus de 500 entreprises, nous travaillons avec plus d'un millier de maires, de gouverneurs, de députés. C'est très important et c'est ce que j'appelle "The Build philosophy" : on peut regarder ce que l'homme a détruit, mais le vrai développement c'est regarder ce que l'homme peut restaurer. Parce que si la pauvreté a été fabriquée par l'homme, elle peut être éradiquée par l'homme. Nous pouvons utiliser notre éducation, afin d'éviter ces risques et résoudre ces problèmes. Le Social Business suit les tendances d'un nouveau marché. Les jeunes réfléchissent systématiquement à l'impact social de leur achat ; en quoi cela est-il bon pour l'environnement, en quoi les ingrédients utilisés sont bons pour la santé et en quoi cela améliore la qualité de vie de chacun? C'est la tendance actuelle et les produits mis sur le marché sont de plus en plus naturels, bios. Les grandes entreprises vont devoir s'y adapter. Dans notre cas, nous avons travaillé avec les grandes entreprises tout simplement parce que si elles nous aident à sortir de la pauvreté ; le marché va croître et le pouvoir d'achat va augmenter. C'est pourquoi les ONGs et les entrepreneurs sociaux commencent à s'intéresser au pouvoir de l'image de marque. Et travailler main dans la main avec de grandes entreprises, c'est faire du co-branding. Cela permet de créer une situation "gagnant-gagnant". Il est également possible de créer un co-branding entre les riches et les pauvres et les deux y gagnent.