Résumons : le premier point et donc la diminution des ressources effectives, ressources que nous avons à nous partager. Le nous que je viens d'utiliser fait explicitement référence au deuxième grand point, la question de la population, c'est-à-dire du dénominateur du ratio ressources par habitant. Le nombre de personnes qui vont devoir se partager ces ressources augmente à vive allure. Les chiffres sont là aussi connus. Nous étions 2,5 milliards en 1950. Nous avons franchi le cap des 5 milliards du côté de 1987/1988. Nous sommes à 7,2 milliards fin 2014, et le chiffre de 9,5 à 10 milliards pour 2050 est désormais une hypothèse moyenne. Une hypothèse haute serait que nous soyons plus de 16 milliards en 2100. Quels que soient les chiffres, quand on met les deux premiers points en regard, nous sommes confrontés à un effet de ciseau fondamental. Le stock de ressources disponibles diminue rapidement alors que le nombre de personnes devant vivre sur ce stock augmente d'une façon marquée. L'image de Paul Ariès, professeur et politologue français, est belle : Nous sommes dans le mur, mais nous ne nous en rendons pas compte car les murs sont mous. Le témoignage qui va suivre est une illustration de ce dont nous avons
parlé. Philippe Vasseur est un homme politique du Nord-Pas-de-Calais. Il a notamment été ministre de l'Agriculture de 1995 à 1997. Écoutez comment il présente les enjeux des ressources par habitant. "Si on prend la première moitié du 21e siècle dans lequel nous sommes aujourd'hui, nous allons passer de six milliards d'habitants en l'an 2000 à neuf milliards, neuf milliards et demi, dix milliards en 2050, et cette augmentation va se faire dans les pays qui sont des pays que l'on appelle encore les pays émergents. Et donc, même avec une croissance faible, c'est-à-dire la croissance que nous connaissons aujourd'hui, nous allons avoir une augmentation de la production mondiale, une augmentation du PIB mondial qui sera multiplié par 4 au cours de ce demi-siècle. Cela nous pose des problèmes ! Autrement dit, est-ce que nous avons les ressources nécessaires, est-ce que nous avons, avec le modèle actuel, la capacité de répondre à cette augmentation considérable de la production ?" Le challenge qui nous attend est compliqué. Il est passé le plus rapidement possible d'une économie de cow-boys, avec ses grands espaces, ses ressources naturelles apparemment illimitées, à une économie de type vaisseau spatial, où tout est contraint et tout doit être réutilisable.