[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour. Nous allons discuter aujourd'hui de la façon dont des professionnels de l'enfant, cinq avec nous, accompagnent le développement des enfants qui viennent dans les crèches, et comment toutes les activités de la vie quotidienne peuvent être utilisées pour apprendre des choses sur la vie quotidienne, sur le monde environnant, et nous allons voir spécifiquement quels types de stimulations, quels types d'activités peuvent être proposés aux enfants, et comment les éducatrices fabriquent, conduisent, observent et répondent aux besoins de ces enfants. >> Nous, nous partons de l'enfant, là où il en est au moment où on l'accueille dans la structure. Si c'est un très jeune enfant, si c'est un bébé, souvent, les stimulations et les apprentissages sont déjà son monde environnant. Du coup, ça va être tout ce qui est stimulations et apprentissages sensoriels, que ça soit par le toucher, par la vue, par l'ouïe. Et rien qu'en lui parlent, on est déjà dans un premier apprentissage et un échange avec lui. >> Oui. Évidemment, avec ce langage oral qui commence à exploser, le fait d'interagir individuellement avec des adultes et ses congénères va favoriser, va impacter fortement le développement de son langage oral. Et puis, sur des enfants un peu plus âgés, quels types d'activités ou de stimulations vous proposez? >> Effectivement, il y a vraiment de nombreuses activités, qu'elles soient cognitives ou artistiques. Il y a beaucoup d'activités, mais je pense que quelque chose qui est important et qu'on essaie de faire c'est de viser l'intérêt actuel de l'enfant, puisqu'on sait que, plus l'enfant a du plaisir, mieux il va tirer des apprentissages de ce qu'il est en train de faire. >> Vous partez du besoin de l'enfant à l'instant t et pas forcément de « Moi, j'ai prévu mon activité », et puis >> Voilà . >> C'est ça? >> Voilà , exactement. Si je veux faire une activité de peinture, si un enfant ne veut pas faire cette activité, le fait de le faire venir quand même et d'insister pour qu'il le fasse n'est pas du tout adéquat, puisqu'il n'a aucun intérêt à ce moment-là , voire peut-être même un stress ou des craintes. Donc, ce n'est pas du tout >> Oui. J'imagine que vous avez quand même des contraintes collectives, parce que tous les enfants, s'ils ont des désirs différents, il n'y a pas une éducatrice pour un enfant. Comment vous faites quand une partie des enfants, par exemple, veut faire de la peinture, une autre veut faire du bricolage? Comment vous faites concrètement? >> Je pense que notre force principale est l'équipe. On est plusieurs professionnels, et c'est ce qui nous permet de nous adapter et de répondre au mieux aux besoins de chaque enfant, et ce qui nous permet de prendre un certain nombre d'enfants en activités quand d'autres vont jouer, par exemple, avec les jeux qui sont présents dans la salle ou autre chose. >> Il y a plusieurs types d'activités au même moment, ce qui fait que chaque enfant, avec les différentes catégories d'activités, comme vous êtes plusieurs, globalement, ça peut répondre à peu près à tous les besoins des enfants présents? >> C'est aussi le rôle de l'éducatrice de stimuler suffisamment l'enfant pour lui donner envie de participer à son activité. >> Comment vous faites pour le stimuler? >> On peut le stimuler d'une manière verbale, on peut lui proposer de participer à l'activité en regardant simplement l'activité, en l'invitant à venir voir ce que font les autres camarades et en ne l'obligeant pas à faire l'activité. >> Est-ce qu'un enfant peut décider de ne pas faire d'activité parce qu'il a tout simplement envie d'être tranquille dans son coin? >> Tout à fait. Oui. >> Et dans cette optique de stimulation, nous aussi, comme outil on a la proposition d'un matériel riche qui permet de répondre à différents besoins dans une même activité. Ça permet de développer peut-être le côté moteur, mais aussi de faire une sériation de couleurs ou des choses comme ça. Ça peut répondre aux besoins en temps t de différents enfants. >> Là , ce n'est pas une stimulation orale. Vous mettez à disposition, vous donnez un jouet, et puis, vu tous les objets que vous mettez, probablement qu'il y en a qui vont stimuler les enfants et créer l'activité? >> Et on est formées aussi pour créer des activités qui ont des relances, comme on appelle ça, pour atteindre d'autres objectifs ou relancer l'activité pour que la dynamique soit plus [DIAPHONIE] >> Est-ce que tu peux donner un exemple, une technique de relance? >> [RIRE] Par exemple, si je joue avec les cerceaux pour appréhender l'espace, si je sens que les enfants sont moins intéressés, on peut imaginer sortir des balles, sortir des foulards. >> Pour essayer d'enrichir l'activité, de provoquer de la variation? >> Ou sinon, on peut rebondir par ce que les enfants proposent. >> OK. >> Par exemple, si un enfant fait quelque chose d'intéressant, on peut relever ce que fait l'enfant, et ça va donner aux autres enfants l'envie de reproduire la même chose. >> Ou d'essayer ce que l'enfant a fait. Si je suis capable de le faire [INCOMPRÉHENSIBLE]. >> Oui. >> D'accord. >> Puis, on favorise aussi l'apprentissage à travers l'autonomie de l'enfant. Par exemple, quand on est aux repas, on demande aux enfants d'aller chercher le pot à eau pour mettre les couverts, ou d'aller chercher des fruits, du dessert, ou d'aller chercher le pain. On leur donne une lavette à la fin du repas, ils se nettoient tous seuls, des choses comme ça. Ou quand on part en promenade, on les encourage à s'habiller tous seuls. Bien évidemment, s'ils ont besoin de notre aide, ils vont venir nous demander, mais [DIAPHONIE] >> Oui, ce qu'on oublie, >> on les encourage à le faire >> c'est que la vie quotidienne est source d'apprentissages, et qu'il n'y a pas forcément des activités structurées >> Exactement. >> qui permettent les apprentissages mais que toute la vie quotidienne, >> est un apprentissage. >> l'entrée dans la crèche jusqu'à la sortie peut être vue comme une forme d'apprentissage, c'est ça? >> Oui. >> Pour vous, il y a tout un tas d'activités que vous avez prévues avec des enfants. Vous pensez que ça va développer telle ou telle compétence, leur apprendre telle ou telle chose, et puis que derrière, l'enfant a tout à fait fait autre chose et il a appris tout à fait autre chose qui n'avait rien du tout >> Oui, ça peut arriver, bien sûr. >> Tous les jours, ça arrive. Puis, il y a un autre apprentissage qui est aussi important et qui n'est pas toujours très drôle c'est qu'il y a la frustration. Comme tout à l'heure, vous disiez, si on ne répond pas à l'envie d'un enfant, est-ce qu'on peut lui proposer autre chose? On peut aussi proposer plusieurs panels à l'enfant, mais si vraiment il ne veut pas et qu'il est fixé sur une idée précise, on peut lui dire qu'aujourd'hui, c'étaient ces différentes choses qui étaient prévues et qu'on ne peut pas toujours réussir à atteindre ce dont on a envie. Là , on va rentrer dans une frustration, et on va être dans l'aide et l'accompagnement à gérer cette frustration et comment on peut aider à la dépasser. Et ça fait partie aussi d'un apprentissage de la vie qui est au quotidien. >> Oui. On l'a vu dans des précédentes vidéos, l'importance de ce phénomène d'apprendre à différer ses désirs et ses besoins au niveau familial et au niveau de la collectivité, et encore plus au niveau de la collectivité. Quand on vit à plusieurs, forcément, à un moment donné, je ne pourrai pas tout avoir à l'instant t. Il faut bien que j'apprenne à attendre et à différer mes envies et mes besoins. >> Puis, au niveau de l'attente, ça rejoint aussi le fait de patienter, d'attendre son tour. >> Ça s'apprend, oui. >> Ça, c'est vrai que ce n'est pas toujours évident pour certains, surtout les plus petits, mais ils apprennent. >> Et notre rôle c'est aussi de montrer à l'enfant qu'on lui fait confiance, qu'on sait qu'il va pouvoir y arriver, même de le lui dire : C'est difficile pour toi en ce moment d'attendre mais tu vas y arriver. Puis, ça l'aide aussi à grandir dans son estime de lui-même et à sentir plus de compétences. >> D'accord. Ça fait partie aussi de cet apprentissage de compétences émotionnelles, comme on les appelle, cette capacité aussi à réguler ses propres émotions. Je suis énervé, je voudrais pouvoir tout de suite avoir tout ce dont j'ai envie. Et de lui apprendre qu'il est capable lui-même de réguler ses émotions pour différer ses envies, c'est aussi un apprentissage essentiel en collectivité. Et tous les jours vous y êtes confrontées, j'imagine. >> Oui. >> Est-ce que vous avez aussi des situations qui génèrent des apprentissages plus efficients que d'autres? Est-ce qu'il y a des moments dans la journée, est-ce qu'en individuel, multi-âges, il y a des situations qui favorisent les apprentissages plutôt que d'autres? >> C'est plus au niveau d'échanges, l'apprentissage de la propreté. Là , on est plus en individuel. Ça prend du temps vu qu'ils sont nombreux, mais votre question, je pense tout de suite à ça. >> D'accord. >> Au niveau de l'individuel et de l'apprentissage, c'est la propreté. >> Ça, c'est quelque chose qui prend du temps et >> Oui. >> qui demande un travail personnel. >> On va au rythme de l'enfant, au rythme des parents. Ce n'est pas nous qui commençons à leur proposer d'enlever une couche et de commencer le pot ou les toilettes. On va au rythme des parents et de l'enfant, évidemment. >> Pour les plus grands, est-ce que là , il y a des tailles de groupes qui augmentent et des apprentissages de nature plus collective? >> Pour moi, il s'agit plus d'apprentissage de règles sociales, de comportements sociaux et d'interactions avec les autres. L'accompagnement et les apprentissages vont être différents que les plus jeunes. >> On voit que la vie quotidienne, toutes les activités qui sont proposées aux enfants pendant une journée de crèche et toute la semaine sont extrêmement riches. Et de l'entrée jusqu'à la fin, il y a tout un tas d'apprentissages à la fois cognitifs, affectifs, individuels, collectifs. C'est quelque chose qui est extrêmement riche et puissant et qui va participer grandement au développement psychologique des enfants. [MUSIQUE] [MUSIQUE]