[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous et à toutes. Je suis Sylvie Richard, je suis actuellement doctorante à l'Université de Genève et je m'intéresse tout particulièrement au développement des compétences socio-émotionnelles chez les enfants d'âge préscolaire et je m'intéresse également au jeu de faire semblant chez les enfants de cette tranche d'âge-là tout particulièrement. Dans le cadre de cette séquence, je vais tenter de répondre à une question à savoir qu'est-ce que le jeu? Il faut tout d'abord savoir que le jeu occupe une place centrale dans la vie d'un enfant. Il semble également sur la base d'un certain nombre de recherches qui ont été réalisées dans le domaine, que le jeu constitue une composante fondamentale du développement de l'enfant, d'où l'intérêt justement de nous intéresser à ce type d'activité. Comment définir le jeu? Le jeu représente un phénomène qui est complexe et les définitions qu'on peut donner au jeu sont typiquement multidimensionnelles. Différents chercheurs s'accordent à dire que le jeu comprend un certain nombre de caractéristiques. Ces caractéristiques peuvent constituer des critères qui peuvent nous être tout à fait utiles pour estimer si une séquence du comportement de l'enfant correspond à du jeu ou inversement, si cela ne correspond pas à une activité ludique. Donc, c'est ce que je vais tenter de vous présenter à présent. La première caractéristique que l'on peut mettre en évidence, elle correspond au fait que le jeu constitue en soi ce qu'on va appeler une activité de second degré, à savoir une activité qui renvoie au faire semblant ou pour de faux. Donc, le jeu serait alors à prendre comme une fiction, une simulation, qui propose un monde autre mais qui renvoie quand même au monde réel. Donc, dans le jeu, les enfants vont être amenés à recréer des expériences de vie, ils recréent la réalité. Donc ça c'est pour la première caractéristique. La seconde caractéristique correspond à ce qu'on va appeler la motivation intrinsèque. Ce critère se réfère à l'idée que le jeu n'est pas contraint par des règles externes ou des demandes sociales qui pourraient justement provenir de l'adulte. Donc, ce n'est pas une activité qui est imposée par l'adulte. Au contraire, le jeu est réalisé pour son propre intérêt par l'enfant, c'est-à -dire qu'il est source de motivation, il est initié spontanément par l'enfant et à travers le jeu, l'enfant va donner par lui-même du sens à ce qu'il est train de réaliser. Donc, il peut tout à fait choisir d'investir ce type d'activité et de la quitter en tout temps. La troisième caractéristique que l'on peut mettre en évidence c'est la notion de flexibilité dans le jeu, qui réfère aux variations que l'on va pouvoir observer au niveau notamment de la forme et du contenu du jeu. Prenons un exemple pour illustrer justement cette caractéristique. Imaginons un enfant qui descend en courant une pente, un enfant de quatre ans. Si on observe uniquement ce comportement, il est fort probable que l'enfant ne soit pas engagé dans un jeu. Par contre, c'est là qu'intervient ce critère de flexibilité, s'il se met à descendre la pente en courant à plusieurs reprises, donc il y a répétition du comportement. Puis ensuite, il décide de la descendre en courant et il s'arrête en plein milieu de la pente, donc il fragmente son comportement. Ensuite, il décide de la remonter en marchant, puis il la descend en faisant des petits pas, des petits sauts, puis ensuite il la remonte en courant, il la descend en rampant. Si on observe tout ce comportement-là , cette séquence de comportement-là , là il y a des chances que l'enfant soit probablement engagé dans une activité ludique à savoir plus spécifiquement ce qu'on va appeler un jeu locomoteur. Donc ça, ça illustre le critère de flexibilité. La quatrième caractéristique quant à elle renvoie à ce qu'on va appeler l'absence de prédétermination de la fin dans le jeu. Qu'est-ce que cela signifie? Lorsque l'enfant joue, ce qui va essentiellement l'intéresser ce sont les comportements qu'il mobilise à travers le jeu qui vont surtout l'intéresser, plutôt que la fin en soi, le but externe qui est poursuivi à travers le jeu. De nouveau, je donne un exemple. Prenons un enfant, de nouveau un enfant de quatre ans, qui joue à soigner sa poupée. Ce qui va intéresser l'enfant c'est les comportements de soins qu'il mobilise plutôt que le fait de réellement soigner sa poupée. Ce qui va l'intéresser, c'est de lui demander où elle a mal, lui prendre la température, lui donner un médicament. Donc, ce qui l'intéresse, ce sont vraiment les performances liées au comportement qu'il mobilise, plutôt que le résultat en tant que tel. Et enfin, la dernière caractéristique qui me semble être la plus évidente, c'est le fait que le jeu génère des affects positifs, des émotions positives, renvoie à l'amusement et notamment un signal fort du jeu que l'on peut être amené à observer lorsque l'enfant est engagé dans ce type d'activités ce sont les rires de l'enfant, qui constituent un signal intéressant. Voilà , ces différents critères nous aident à déterminer si l'enfant manifeste un comportement qui correspond à du jeu ou alors qui ne constitue pas réellement une activité ludique. Dernier point qui me semble essentiel à relever, un seul critère ne nous permet pas de déterminer si ce qu'on est amené à observer est de l'ordre du jeu. Par contre, plus il y a de critères qui sont réunis, plus il y a de chances que ce qu'on observe, c'est du jeu. Donc voilà pour les différents éléments qui me semblaient intéressants à mettre en évidence et qui nous aident à définir justement ce qu'est le jeu. [MUSIQUE]