[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Après avoir parlé du sens du toucher, de l'olfaction et de la gustation, nous allons maintenant parler du sens de l'audition et de la vision. Les chercheurs, pour étudier les compétences auditives des enfants prématurés, utilisent des méthodes d'enregistrement cérébral. La première étude utilise une méthode qui s'appelle la NIRS. La NIRS, c'est une méthode de spectroscopie proche infrarouge. Qu'est-ce que cela veut dire? En quelques mots, c'est une méthode, on place un casque avec des petites électrodes sur la tête de l'enfant, et cela permet de mesurer les variations d'oxygénation de certaines zones du cerveau. En quelques mots, voilà. Donc, des chercheurs ont utilisé, ont mis un petit casque sur la tête des nouveau-nés prématurés, et ils leur font écouter deux phonèmes. Un phonème, ce sont des sons, c'étaient des sons ba et les sons ga. Ils ont observé que ces sons, dans les mêmes aires cérébrales, allaient déclencher des réponses cérébrales qui étaient différentes. De plus, ils ont également observé que lorsque les sons ba et ga étaient présentés soit avec une voix féminine, soit avec une voix masculine, les activations étaient également différentes. Ils en ont conclu que les enfants prématurés présentaient des compétences discriminatives auditives déjà très précoces, et qu'il y avait déjà des réseaux neuronaux qui étaient organisés selon le type d'informations auditives à traiter. Ils vont ensuite regarder et comparer l'activité neuronale lors d'une discrimination auditive chez des enfants nés à terme et chez des enfants nés prématurément. Ils ont utilisé cette fois-ci l'EEG, c'est l'électroencéphalogramme. C'est un petit peu similaire. C'est également un petit casque qu'on met sur la tête des enfants. Cette fois-ci, on mesure plutôt l'activité électrique du cerveau. Ils ont présenté à ces enfants deux phonèmes, les enfants nés à terme et prématurés, les phonèmes bi et gi. Ils ont vu que chacun des phonèmes déclenchaient des réponses différentes au niveau cérébral. Ils ont observé des réponses inverses entre les enfants prématurés et les enfants nés à terme. Cela leur a permis de conclure que l'information auditive discriminative étaient sous-tendue par des réseaux neuronaux qui étaient différents, selon que l'enfant était né à terme ou né prématurément. D'autres chercheurs ont confirmé ces observations. Ils ont fait écouter à des enfants nés à terme et à des enfants nés prématurément différentes phrases. Ils ont fait écouter des phrases à des enfants nés prématurément et des enfants nés à terme. Ils ont encore une fois mesuré l'activité cérébrale lors de ces phrases, et ils ont vu que chez les enfants prématurés, il y avait certaines activations cérébrales qui étaient augmentées et d'autres diminuées par rapport aux enfants nés à terme. Ici encore, ils ont pu voir que l'information auditive était traitée différemment selon que l'enfant était né prématurément ou né à terme. Finalement, des chercheurs se sont également intéressés à la capacité des enfants prématurément à discriminer la voix maternelle d'une autre voix. Pour ce faire, ils ont présenté à ces enfants la voix maternelle et une voix d'étrangère. Ils ont regardé l'activité cérébrale chez des enfants nés à terme et chez des enfants nés prématurément. Ils ont observé que les enfants nés à terme présentaient une discrimination entre la voix maternelle et la voix étrangère. Cependant, ils n'ont pas observé une telle discrimination chez les enfants nés prématurément. Ils en ont conclu que la capacité à discriminer la voix maternelle semblait être entravée par une naissance prématurée. Néanmoins, il faut savoir que les enfants nés prématurément, lorsqu'ils sont hospitalisés, sont exposés à de nombreuses voix féminines. En effet, la mère est présente dans le service de néonatologie, mais les enfants sont également soignés par des nombreux soignants et nombreuses soignantes, puisque la présence est quasi exclusivement féminine. Il est donc possible que ce résultat où on voit que l'enfant n'est pas capable de discriminer la voix de sa mère de la voix d'une étrangère soit en fait le fait qu'ils sont très fréquemment exposés à de nombreuses voix féminines et qu'ils sont tout à fait capables de discriminer une voix maternelle d'une autre voix. Cela reste encore à démontrer par des études scientifiques. Finalement, d'autres études, que je ne vous détaillerai pas ici, se sont intéressées aux bienfaits de la voix maternelle sur le développement de l'enfant prématuré, et ont quand même pu mettre en évidence que l'exposition répétée de la voix maternelle apportait de nombreux bienfaits aux enfants. Nous allons maintenant parler du sens de la vision de ces enfants. Tout d'abord, une première étude assez ancienne avait présenté à des enfants un flash lumineux de manière répétée, pendant plusieurs jours, chez des enfants qui étaient nés des 25 semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire au moins trois mois et demi avant terme. Et ils ont vu qu'au fur et à mesure des jours, les enfants présentaient une réponse d'habituation, c'est-à-dire qu'ils clignaient moins des yeux au fur et à mesure des jours. Donc, ils ont pu constater une habituation visuelle relativement précoce chez ces enfants. Une autre étude beaucoup plus récente a mis en place une batterie permettant d'étudier la vision chez les nouveau-nés, de manière générale, et ils l'ont utilisée ensuite chez les nouveau-nés prématurés. Cette batterie de tests visuels est composée de différents items. Elle permet notamment d'évaluer le suivi de cibles. Donc, les cibles peuvent se mouvoir de manière horizontale comme cela, de manière verticale et également en arc. Il y a également des items qui permettent d'évaluer la discrimination de couleur, la discrimination de rayures noires et blanches, ou encore l'attention à la distance. Donc, l'attention à la distance, c'est quand on présente comme cela une cible, et on regarde jusqu'à quel moment le bébé va suivre cette cible. Ils ont comparé trois groupes d'enfants. Deux groupes d'enfants étaient nés prématurément. Le premier groupe est composé d'enfants nés prématurément, âgés de 35 semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire qu'ils sont environ cinq semaines avant terme. Le second groupe d'enfants est né également prématurément, mais est âgé de 40 semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire qu'ils ont atteint l'âge du terme, mais qu'ils sont nés prématurément. Et le dernier groupe est un groupe d'enfants nés à terme. Ils ont observé que sur des items tels que le suivi de cible, les enfants prématurés, qu'ils soient âgés de 35 semaines ou de 40 semaines présentaient de meilleures compétences que les enfants nés à terme. Pour d'autres items tels que la discrimination de rayures noires et blanches ou l'attention à la distance, les enfants nés prématurément et âgés de 40 semaines avaient des compétences similaires aux enfants nés à terme, alors que les enfants prématurés de 35 semaines avaient de moins bonnes compétences. Ils en ont conclu que la naissance prématurée avait un impact positif sur certaines composantes visuelles qui étaient plutôt sous contrôle sous-cortical, je m'explique. Sous-cortical, cela veut dire sur des structures cérébrales qui sont plus internes, qui sont plus automatiques, qui sont plus sommaires, disons. Par contre, la naissance prématurée n'a pas cet effet bénéfique sur d'autres composantes visuelles qui sont plutôt sous contrôle cortical cette fois-ci. Donc, ce sont des compétences visuelles qui sont plus développées, plus évoluées, et donc, ces enfants, cette naissance prématurée n'a pas d'effets bénéfiques sur ces aspects visuels. En conclusion, on a pu voir dans ces séquences que les enfants nés prématurément présentaient des compétences très précoces, notamment dans les sphères tactiles, olfactives et gustatives. On a également vu que la naissance prématurée impactait un petit peu plus les sens qui se développaient plus tardivement, tels que la vision et l'audition. [MUSIQUE] [MUSIQUE]