[MUSIQUE] [MUSIQUE] Des chercheurs ont continué à étudier le sens moral, mais à travers l'étude du sens de la justice et de l'équité. Nous savons que nous sommes très sensibles au partage des ressources. Nous savons que nos ressources sont limitées, et on s'aperçoit que les jeunes enfants sont dès le plus jeune âge, à partir de trois, quatre, cinq ans, très sensibles au partage des ressources. Et du coup, les chercheurs ont proposé une tâche de coopération, c'est-à -dire qu'ils doivent mettre une tâche où l'enfant 1 avec l'enfant 2 doit, pour résoudre la tâche, agir conjointement, c'est-à -dire que l'un ne pourra pas réussir la tâche sans l'aide de l'autre et l'autre non plus. Individuellement, ils ne peuvent pas résoudre la tâche, mais s'ils agissent conjointement, ils peuvent résoudre la tâche. Et là on s'aperçoit qu'à l'issue de cette tâche, si on leur donne une récompense inéquitable, si par exemple l'enfant 1 a huit bonbons et l'enfant 2 a deux bonbons, à l'issue de la tâche, les enfants éprouvent un sentiment d'injustice assez intense qui fait qu'ils vont se partager spontanément les ressources, c'est-à -dire que celui qui a eu plus va partager spontanément ce qu'il a reçu pour que l'enfant 2, son collègue qui a réussi la tâche avec lui, ait exactement la même chose. Ce qui montre que plus on développe de la coopération entre les gens, plus les enfants vont faire des tâches communes pour pouvoir résoudre un problème commun, plus ils auront tendance à trouver que la répartition des ressources qu'ils ont gagnées doit être équitable, et pour développer ce sentiment de justice, ils vont spontanément partager ce qu'ils ont eu en trop. Donc, on voit bien que dès trois, quatre ans, ce sentiment, cette réaction face à l'injustice et l'inégalité est profondément vécue comme une injustice pour les jeunes enfants. D'autres chercheurs ont essayé de comprendre l'origine du développement de ce sens moral et se sont demandés si des bébés de six mois, sept mois, huit mois, avaient déjà une intuition de ce sens moral, une intuition de ce qui est bien ou pas bien. Pour cela, les chercheurs ont proposé deux situations. Dans une situation, on présente au bébé une marionnette qui veut gravir une montagne. Simplement, au moment où elle gravit la montagne, il y a une autre marionnette qui l'empêche de gravir la montagne. Ça c'est la première situation. Dans la deuxième situation, cette même marionnette qui veut toujours gravir la montagne, elle est aidée par une marionnette sympathique qui l'aide et qui la pousse à monter cette montagne. Et après, on va demander au bébé qu'est-ce qu'il préfère comme marionnette, est-ce qu'il préfère la marionnette qui aide ou est-ce qu'il préfère la marionnette qui embête? Et là , spontanément, la plupart des bébés préfèrent la marionnette qui aide, ce qui montre que les bébés sont capables, dès six, sept, huit mois, de faire la différence entre des comportements dits prosociaux, c'est-à -dire des comportements positifs où les gens s'aident entre eux, de comportements dits antisociaux ou les comportements où les gens s'embêtent entre eux. Et là , ça veut dire que même avant l'apparition du langage, du vocabulaire, le bébé a déjà une intuition du bien et du mal et ce qui probablement constitue l'une des racines de notre sens moral qui va être mis en œuvre par la suite. [MUSIQUE]