[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'objectif de cette séquence est de comprendre ce qu'est la régulation émotionnelle, d'arriver à identifier certaines stratégies de régulation émotionnelle et de comprendre comment elles se développent avec l'âge. La capacité de régulation émotionnelle permet de modifier la nature, l'intensité, la durée ou la façon dont les émotions s'expriment. On peut identifier déjà deux types de stratégies, les stratégies intrapersonnelles et les stratégies interpersonnelles. Les stratégies intrapersonnelles sont les stratégies faites par soi-même, les stratégies interpersonnelles sont des stratégies faites grâce à un co-régulateur. Durant la première année, les stratégies sont plutôt interpersonnelles. L'enfant va avoir besoin d'un co-régulateur tel que son parent pour l'aider à réguler ses émotions. Par exemple, s'il se fait mal, il aura besoin de son parent pour le consoler, le porter et l'aider à apaiser cette souffrance. La régulation émotionnelle est possible par le co-régulateur s'il parvient à identifier l'émotion éprouvée par l'enfant et s'il arrive à y répondre d'une manière adaptée. Le développement de la régulation émotionnelle est donc lié avec les échanges qu'il entretient avec son entourage et les personnes qui s'occupent de lui, la manière dont ils le tiennent, le portent et le consolent. Chez les nouveau-nés, les stratégies intrapersonnelles sont peu présentes et pas très efficaces. Le bébé n'a à sa disposition qu'un nombre limité de comportements, comme la succion non nutritive ou le détournement du regard afin de réguler ses émotions. Ces comportements sont donc les prémices d'une régulation plus aboutie qui va s'élaborer au cours du temps. Dès la deuxième année de vie, l'enfant va apprendre à se distinguer des autres et il va devenir conscient de ses propres intentions et de celles d'autrui. Grâce à ça, il va pouvoir adapter une régulation plus indépendante et renforcée par le développement de ses abilités matrices et langagières. Il va pouvoir éviter une émotion négative et solliciter la répétition des émotions positives. La succion qui était alors involontaire va devenir volontaire et auto-relaxante, et le détournement du regard va être des actions motrices de fuite ou d'évitement, donc l'enfant va courir quelque part d'autre s'il n'a pas envie de voir une personne qu'il ne connaît pas. Entre trois et six ans, les enfants commencent à utiliser le langage pour initier des demandes de régulation interpersonnelle. Donc, ils vont demander à leur co-régulateur de les aider à réguler leurs émotions. L'adulte va ainsi encourager l'enfant à verbaliser ses émotions en y associant la cause et l'évaluation qu'il fait d'une situation émotionnelle. Le langage va ainsi permettre à l'enfant de comprendre son ressenti et de se distancier de l'émotion. L'enfant va également développer la capacité à utiliser au niveau intrapersonnel des stratégies de régulation qu'il a apprises par synchronisation avec l'adulte. Donc, en voyant ce que l'adulte lui propose comme stratégies, il va pouvoir en développer certaines. Les enfants vont donc développer la capacité à modifier, masquer ou minimiser leurs émotions dans certaines circonstances. Les règles culturelles qui vont définir comment on exprime l'émotion dans un contexte social donné vont être de mieux en mieux apprises par l'enfant. Par exemple, l'enfant va apprendre que s'il reçoit un cadeau mais qu'il ne lui plaît pas, il doit quand même dire merci et montrer qu'il est content. Afin de pouvoir suivre ces règles sociales et culturelles, ça va impliquer à l'enfant de maîtriser un répertoire de stratégies de régulation émotionnelle comme l'amplification de l'expression, donc l'enfant qui va exagérer la douleur s'il s'est fait mal pour attirer l'attention sur lui, ou bien la minimisation de ses émotions, le fait d'essayer de retenir ses larmes s'il s'est fait mal, la substitution de l'expression, qui est de prendre un air joyeux si on est déçu comme je vous expliquais dans le cas de tout à l'heure, ou la neutralisation de l'expression émotionnelle, donc la poker face, donc de ne pas montrer l'émotion qu'on ressent en ne montrant aucune émotion. À partir de six ans, le développement des capacités cognitives telles que le contrôle attentionnel va jouer un rôle important dans la régulation des différentes stratégies. Les enfants deviennent capables d'utiliser ces stratégies de régulation très spécifiques comme la résolution de problèmes, donc le fait d'essayer de résoudre la cause de l'émotion avant de la ressentir, la recherche de soutien, faire appel à quelqu'un, un co-régulateur par exemple, ou encore la distraction, le fait d'essayer de penser à autre chose ou écouter une musique qui nous plaît quand on est triste. Il y a encore des stratégies de réévaluation cognitive, c'est le fait de changer de point de vue ou de perspective par rapport à la situation pour évaluer l'émotion de manière totalement différente, ou encore la suppression expressive. Donc, c'est le fait de ne pas exprimer physiquement l'émotion, en bloquant toutes ses expressions faciales, corporelles ou vocales. Ce qui est intéressant de retenir dans cette séquence c'est que la régulation des émotions est possible dès la naissance. Au début, l'enfant va réguler ses émotions grâce à son co-régulateur comme son parent. Puis plus tard, les stratégies vont devenir de plus en plus internes grâce à l'acquisition du langage et des capacités cognitives, il va pouvoir développer des stratégies de régulation plus efficaces et adaptées telles que la résolution de problèmes ou la réévaluation cognitive. Cette acquisition est indispensable pour le développement de l'enfant, mais elle est lente et difficile. [MUSIQUE]