[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Les psychologues ont voulu mesurer cette capacité à se contrôler. Pour cela, le professeur Walter Mischel, dans les années 70, a proposé un test original, le fameux test du marshmallow, du bonbon. Alors, ce test-là est assez simple, il invite un enfant à venir s'asseoir dans une pièce, puis il le met en face d'un bonbon qu'il aime bien, un chamallow ou du chocolat. Et puis, il lui propose deux options. Soit il prend le bonbon tout de suite, soit il peut attendre, et s'il est capable d'attendre plus de 15 minutes, 20 minutes, il aura le double, deux fois plus de bonbons. Alors, le psychologue propose ces deux options à l'enfant, puis sort de la pièce. Là , qu'est-ce qu'il observe ? Que la majorité des enfants à trois, quatre ans, cèdent tout de suite à la tentation, c'est-à -dire que quand ils voient, ils sont tout seuls face à ce bonbon, au bout de quelques secondes, ils prennent ce bonbon. ou ce chocolat. Mais à partir de quatre, cinq ans, on observe qu'il y a une grande capacité qui se développe, et la plupart des enfants sont capables d'attendre et d'avoir du coup deux bonbons à la place d'un. Et puis, ce qui est intéressant, c'est que si observe comment font les enfants pour se contrôler, on voit que c'est physiquement très difficile. Si on enregistre par exemple la mimique qui est exprimée par chaque enfant, on s'aperçoit en fait qu'il exerce tout un tas de stratégies. Par exemple, il se cache les yeux, il regarde ailleurs, il s'invente des histoires. Bref, il utilise tout un tas de régulations pour essayer de ne plus penser à ce objet qui lui dit là , mange-moi, mais justement à essayer de différer cette envie parce qu'il sait qu'à la sortie, il en aura deux fois plus. Tout cela suppose évidemment que l'enfant ait confiance en l'adulte, puisqu'il faut être certain que s'il ne mange pas tout de suite le bonbon ou le chocolat, que 15 minutes après, il sera capable d'en avoir vraiment deux, et que l'adulte sera là , sera vraiment présent et qu'il sera capable de lui apporter deux bonbons au lieu d'un. On voit bien que la confiance dans la parole de l'adulte est essentielle pour la réalisation de toute tâche. Par la suite, les chercheurs ont voulu étudier si cette capacité de contrôle de soi, à partir de cette mesure du test du marshmallow, était capable de prédire notre comportement ultérieur. Pour cela, ils ont pris une large population, ils ont testé les enfants à cinq, six ans, puis du coup, ils ont mesuré cette capacité de résistance. Et puis, après, ils ont observé ces mêmes personnes 15 ans, 20 ans plus tard. Et de quoi est-ce qu'on s'aperçoit ? Que cette capacité de contrôle de soi est corrélée, c'est-à -dire est liée à cette capacité de réussite sociale et académique. Plus les enfants étaient capables d'attendre longtemps cette deuxième récompense, plus ils avaient de chance de mieux réussir dans leur vie professionnelle et affective. Alors, ces résultats sont en discussion actuellement, puisqu'on a montré que c'était vraiment une capacité, mais qui était liée à un environnement familial très favorable. En d'autres mots, cette capacité, ce lien entre cette capacité dès le plus jeune âge, et puis les comportements ultérieurs, sont moins forts chez des populations qui présentent un environnement socioculturel moins élevé. Compte tenu de l'importance de cette capacité à se contrôler, il est important d'aider les enfants à justement l'acquérir. Et là , il existe tout un tas de principes éducatifs qui peuvent justement aider ces jeunes enfants à différer leurs envies. Par exemple, une des premières règles, c'est de ne pas céder tout de suite à ses envies, c'est-à -dire de leur dire qu'en fait, OK, parfois c'est bien de céder à ses envies et ses désirs, mais parfois on ne peut pas tout faire tout de suite. Donc, progressivement, on va dire à l'enfant que ce n'est pas possible, qu'il va falloir attendre un moment pour avoir mieux ou quelque chose de différent par la suite. Deuxièmement, il est très important de proposer aux enfants une explicitation de qu'est-ce qui se passe si je fais cela. Si j'attends, qu'est-ce qui se passe ? Et donc, de l'aider à mettre en place une stratégie mentale de si, alors. Par exemple, en lui proposant des routines. Si on me propose de jouer à tel jeu, par exemple à un jeu sur l'ordinateur, hop automatiquement, je dois monter dans ma chambre pour pouvoir faire mes devoirs. Si j'ai fini mes devoirs, j'ai le droit de jouer. Bref, l'aider à faire du systématisme, du si, alors, et l'aider à chaque fois à se dire si je fais cela, cela aura tel effet ou non. Cet accompagnement est très important, il doit être systématique et surtout bienveillant. C'est quelque chose qui est très difficile à acquérir. Même nous, à l'âge adulte, on éprouve de grandes difficultés parfois à céder, à ne pas céder justement à une sollicitation. Donc, on voit bien que c'est quelque chose qui est très difficile à acquérir. Donc, l'accompagnement doit être vraiment lent, progressif, systématique et très bienveillant. [MUSIQUE] [MUSIQUE]