[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Donner du sens à la situation que l'on vit en acceptant parfois l'injustice et les inégalités, un processus mental complexe que les adultes peuvent intégrer. Mais qu'en est-il des enfants? À partir de quel âge assimile-t-on les stéréotypes autour de la pauvreté? Autrement dit, à partir de quand accepte-t-on que le monde soit parfois injuste? Nous vous proposons une petite expérience très parlante sur le sens de la justice. Regardez. >> Renaud, je sais ce qu'on va faire. En fait, regarde, par exemple, toi, quand je suis à trois, on va tous les deux tirer en même temps tout doucement, d'accord? >> D'accord. Doucement comme ça. >> À vos marques, un, deux, trois, go! >> Pour étudier à partir de quel âge les enfants sont sensibles à l'injustice, les chercheurs ont proposé une tâche de coopération, c'est-à-dire une tâche où des enfants doivent résoudre un problème, mais ils ne peuvent résoudre ce problème que si chacun y met du sien. C'est-à-dire, tout seul, il n'y arrive pas, mais deux à deux, là ils peuvent réussir la tâche. [MUSIQUE] >> Les enfants doivent ramener la barre vers eux. S'ils réussissent, ils auront une petite surprise cachée sous les gobelets rouges. >> On y est presque. Allez, tire fort. >> C'est du travail d'équipe, ça. >> On a réussi! Oui! >> Dans ces conditions de coopération et pas du tout de compétition, c'est-à-dire l'un dépend de l'autre, à la fin de cette tâche de coopération, il y a une situation inégale. Ils ont réussi tous les deux, et puis il y en a un qui va toucher beaucou plus que l'autre. Qu'est-ce qui va se passer pour celui qui se sent inégal? >> Elle est lourde! >> Pour moi, elle est pas lourde. J'ai des forces. [MUSIQUE] [BRUIT] >> Ça y est! >> Tire doucement. >> Waouh, c'est bloqué. Qu'est-ce que ça fait? [BRUIT] J'en ai qu'un seul. [BRUIT] >> Gabriel, il avait un bonbon, et moi j'en avais cinq. >> Eh bien là, on observe spontanément chez les enfants de trois à cinq ans que cette situation est vraiment jugée discriminatoire, inégale, et ils vont spontanément partager pour rendre équitable la récompense. >> Attends, je vais t'en donner. >> Merci. Merci. La prochaine fois, je te donnerai un bonbon. >> Comme ça, trois chacun. Et j'ai partagé avec Gabriel, parce que lui, il en avait un et moi je trouvais que c'est pas juste, comme ça Gabriel, il est content. >> Moi, j'ai pas beaucoup de bonbons. >> J'en ai plein. Tu veux que je t'en donne? >> Oui. >> Tous les deux, on a trois. >> Moi j'en garde dans ma poche. >> C'est important de préciser que ce sens de l'injustice, ce sens de réparation n'existe que parce qu'il y a eu une tâche commune. C'est-à-dire que spontanément, si chacun était en compétition, il n'y aurait pas de partage des ressources. Et c'est ce qui est le propre de notre espèce humaine, c'est le fait qu'on ait des buts communs, qu'on ait travaillé à la réussite de telle ou telle tâche dans le but du groupe, que du coup, on accepte de partager nos ressources. [MUSIQUE] [MUSIQUE]