[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette vidéo, nous allons voir à partir de quel âge et comment le jeune enfant fait pour distinguer ce qui est réel de ce qui est imaginaire. C'est très important parce que dans la vie quotidienne, il y a différents types d'activités où l'enfant va devoir choisir ce qui relève de la réalité et ce qui relève de son monde imaginaire. Par exemple, dans les activités de type du jeu du faire semblant, dès trois ans, l'enfant, quand il rentre dans ce type d'activités, il sait précisément ce qu'il a inventé, ce qui existe de ce qui n'existe pas. Si on l'interroge, tout de suite il va nous dire, mais ça c'est mon jeu, c'est mon ami imaginaire, c'est mon scénario, c'est mon histoire, je sais très bien ce qui est vrai de ce qui n'est pas vrai. Donc, ça ne pose vraiment aucune difficulté à l'enfant et il joue parfaitement avec cette activité-là. En revanche, dans d'autres activités comme par exemple lire un ouvrage, un album, regarder la télévision, regarder sur Internet des séquences, là, c'est quelque chose qui est beaucoup plus difficile parce que l'enfant va devoir, tout comme nous adultes, essayer de trouver des informations qui sont pertinentes, sélectionner ces informations pour en déduire à la fin, ça, ce qu'il me raconte, c'est juste, ça, ce qu'il me raconte ce n'est pas juste. Et là, on sait que c'est extrêmement difficile, surtout à l'heure des nouvelles technologies où il y a une fusion des informations réelles et imaginaires. Et là, au cours du développement, avec l'émergence de ses capacités cognitives, il va extraire, tester la régularité de ce qu'il a vu dans l'émission, ce qu'il a vu à la vidéo, ce qu'ont raconté les adultes, et sélectionner petit à petit ce qui relève de l'imaginaire de ce qui relève de la réalité. Et là, les adultes ont un rôle vraiment prioritaire parce que les adultes vont devoir choisir le type d'informations qu'ils donnent aux enfants. Les adultes, je pense aux parents ou aux professionnels. Et il va falloir décrire des informations, ce qui relève de la science, les informations les plus fiables possibles de ce qui existe à l'instant t. La Terre est ronde, c'est quand même une information qu'on ne voit pas, mais l'enfant va faire confiance en l'adulte quand il raconte ça, même s'il y a encore des personnes qui croient encore que la Terre est plate, malheureusement. Donc, il va y avoir des informations scientifiques qui vont être données et après, il va y avoir tout un tas d'autres informations sur les croyances, sur ce qu'on pense, sur des jeux de la vie quotidienne ou sur des personnages qui n'existent que pendant un petit temps de la vie comme le Père Noël, la souris verte ou des choses comme ça. Et l'enfant va aller capter ces informations données par les adultes, ses frères et sœurs, son environnement, et extraire ce qui lui paraît juste, ce qui paraît réel ou ce qui relève de l'imaginaire. Et on s'aperçoit que très rapidement, au bout de deux, trois ans, les enfants font confiance en ce que racontent les adultes. Et non seulement ils font confiance en ce que racontent les adultes, mais en plus, ils sont capables d'aller sélectionner l'adulte qui est pertinent. Par exemple, il y a des chercheurs qui montrent que quand on propose une explication donnée par, par exemple un éducateur que l'enfant connaît bien ou un éducateur que l'enfant ne connaît pas du tout, sur un objet, une situation, les enfants croient davantage les personnes qu'ils connaissent bien, les personnes en qui ils ont confiance. Et ça montre vraiment que dès deux, trois ans, l'enfant est capable d'aller sélectionner l'information, mais aussi d'aller sélectionner la source de l'information. Et c'est un apprentissage qui est lent, progressif. On sait qu'à l'adolescence même, ça pose encore des difficultés parce qu'on ne sait plus ce qui relève du vrai ou du faux, mais c'est quelque chose qui démarre de façon extrêmement précoce. En résumé, vraiment, l'enfant à partir de trois, quatre ans, grâce au travail, à la discussion, aux activités des parents, des adultes et de toutes les personnes qui sont dans son environnement, l'enfant va apprendre à distinguer ce qui va être réel de ce qui va être imaginaire avec le développement de toutes ses capacités cognitives. Les adultes, comme tous les enfants, sont confrontés à des films, des livres, des albums. Et ce qui est étonnant, c'est qu'on a une tendance à parfois choisir des albums ou des films qui génèrent chez nous des émotions, qui nous effraient, qui nous font peur, qui nous rendent tristes. Et c'est cette capacité de générer soi-même une émotion volontairement, on n'est pas sous pression ou sous contrainte, on choisit d'aller éprouver une émotion qui n'est pas forcément agréable. Et cette capacité est présente aussi bien chez les adultes que chez les enfants. On sait bien que les enfants génèrent, jouent à se faire peur, imaginent qu'il y a un monstre qui arrive dans leur chambre, génèrent tout un tas d'émotions à la lecture d'albums ou d'histoires, ou d'histoires inventées. Et ça, c'est très important parce que cette activité qui est présente aussi bien chez les enfants que chez les adultes, elle est similaire qualitativement, c'est simplement une différence de régulation. C'est-à-dire que nous adultes, on va avoir une tendance à générer nous-mêmes nos émotions, mais après, on sera dans la plupart du temps, capables de réguler cette émotion. C'est-à-dire que je choisis un film triste, je suis triste pendant le film, je peux en parler mais après je vais bien. Ce qui va changer chez les enfants, c'est surtout cette capacité à ne pas réguler correctement ou rapidement cette émotion. C'est-à-dire que je vais choisir ce film, je vais lire cette histoire, je sais qu'elle me fait pleurer, et du coup, je vais avoir du mal après à réguler cette émotion et je vais prendre du temps ou je vais appeler ma maman, mes parents ou mon frère, pour essayer de réguler cette émotion que je n'arrive plus à contrôler. Et c'est justement tout l'intérêt de cette capacité à générer cette émotion, quand je lis une fiction par exemple, qui va être très importante à travailler, à étayer avec les parents, puisque l'enfant, au fur et à mesure de son expérience, va apprendre, va tester virtuellement ses émotions et va apprendre à les réguler. Et grâce à ces exercices de simulation mentale, les enfants, progressivement, vont apprendre à générer une émotion dans une situation donnée, et surtout apprendre à la réguler rapidement, correctement et de façon optimale pour qu'ils puissent continuer à développer leurs activités de la vie quotidienne. Donc, on voit que ce pouvoir imaginaire, ce pouvoir d'évocation que l'enfant est capable de provoquer, de générer, c'est un formidable outil pour se préparer à l'environnement, aux situations pas forcément favorables qu'il va rencontrer dans la vie, et c'est un formidable exercice de simulation mentale et de préparation à la vie future. [MUSIQUE] [MUSIQUE]