[MUSIQUE] Bonjour, et bienvenue dans cette vidéo. S'il y a bien un laissé pour compte dans les grandes négociations internationales sur les enjeux écologiques, c'est le Grand Bleu. Pourtant, les océans couvrent près de 70 % de la surface du globe, et fournissent plus de 60 % des services écosystémiques. Dans cette vidéo, nous allons voir, d'une part, pourquoi il est urgent d'aller plus loin en matière des droits de la mer, particulièrement pour la haute mer, et d'autre part, pourquoi il est nécessaire de doter les océans du statut de bien public mondial. Le droit de la mer est une invention relativement récente. Contrairement au droit maritime, qui organise notamment, le transport des marchandises. Le droit de la mer, international, est réglementé actuellement par la convention des Nations Unies, signée en 1982 à Montego Bay, en Jamaïque, entrée en vigueur en 1994, et ratifiée aujourd'hui par 167 pays, sans les Etats-Unis. Cette convention s'est surtout attachée à organiser les espaces maritimes, en séparant les bandes côtières, généralement de 200 milles marins, environ 370 km, et qui sont du ressort des juridictions nationales, et la haute mer. La haute mer représente 64 % de la surface des océans. Sans véritable autorité, c'est un espace de non droit en quelque sorte, auquel on applique les principes de libre-accès et de libre-appropriation. Cette question de la haute mer est un enjeu majeur aujourd'hui, notamment d'un point de vue écologique. En effet, la haute mer possède une biodiversité peu connue, très fragile, et qu'on ne découvre que récemment. C'est le cas des grands fonds, dont l'exploration apporte sans cesse des découvertes extraordinaires, ou encore de l'Arctique, où les conflits interétats se multiplient sans arbitre compétent. Plus généralement, la haute mer est soumise potentiellement à toutes sortes de pillages, de dégradations, qui risquent d'accroître les pollutions, accélérer la disparition des coraux, et plus largement, contribuer à la mise en danger des grands équilibres géophysiques essentiels qu'apportent les océans. La Communauté Internationale, prend peu à peu conscience de la nécessité de mettre en place une autorité internationale, qui régule l'utilisation de la haute mer, contrôle l'impact des activités sur l'environnement, voire, protège certaines zones, particulièrement riches en biodiversité. Les récentes négociations au sein des Nations Unies, en janvier 2015, s'engagent dans cette voie. Il faut saluer cette timide évolution, qui a sans doute été poussée par l'appel de Paris pour la haute mer, lancé en 2013. Elle donne mandat à l'assemblée générale des Nations Unies pour contrôler les activités en haute mer. L'idée centrale est claire : la haute mer est un bien commun de l'humanité, et il est urgent de la préserver. L'océan pourrait donc être considéré comme bien public mondial. Cette prise de conscience des enjeux de la haute mer pousse à se poser la question du statut des eaux internationales, dépourvues d'une autorité réelle de contrôle aujourd'hui. Nous venons de la voir, la théorie des biens publics mondiaux est relativement récente. Cependant, elle est régulièrement proposée comme solution alternative, à une vision économique classique dont on voit les limites. Le cas de l'océan est particulier, dans la mesure où il s'agit d'un bien public qui n'existe pas naturellement, mais que l'on décide de créer par consensus politique. Trois grands enjeux se posent alors. Comment se partagent les tâches, et donc, les efforts à consentir, entre une autorité de régulation internationale comme les Nations Unies, et les Etats de la planète, qui sont tous partie prenante. Comment s'effectuera le contrôle des passagers clandestins? C'est-à-dire de ceux qui enfreignent les règles mises en place collectivement. Comment associer au mieux la société civile mondiale, dans cette organisation? L'océan est, en effet, un patrimoine commun de l'humanité, dont la valeur écologique et culturelle est inestimable. Pour répondre à ces enjeux, il s'agit d'abord de mettre l'océan au coeur des grandes négociations internationales sur la biodiversité et le réchauffement climatique. C'est le sens de l'initiative Ocean 2015, cri d'appel de nombreux scientifiques. Il faudra, sans doute, développer des modes de gouvernance de type deux, c'est-à-dire qui associent ONG, collectivités locales, partenaires publics et entreprises privées. Pour conclure, il est temps de retourner la perspective. Au lieu de considérer l'océan depuis la terre, il est urgent de comprendre la Terre depuis l'océan. Nous avons donc vu, dans cette vidéo, que les océans, notamment la haute mer, sont au coeur des enjeux écologiques, et qu'il est urgent de mettre en place un statut de bien public mondial qui permette d'explorer, préserver, et faire partager la biodiversité encore méconnue que recèlent les océans. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE]