[MUSIQUE] Bonjour, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Vous avez retenu que la biodiversité est la fraction vivante de la planète. Animaux, plantes, microbes, toutes formes d'organismes vivants. Mais peut-être vous demandez-vous : cette biodiversité, finalement, qu'a-t-elle de si extraordinaire? On distingue souvent la biodiversité remarquable, de la biodiversité ordinaire. La biodiversité dite remarquable est celle que vous connaissez le mieux. À travers des espèces très emblématiques telles que l'ours, les pandas géants, ou encore les tigres de Sibérie. Ce sont des espèces remarquables pour la biodiversité, et particulièrement menacées. Généralement, ces espèces font l'objet de mesures de protection spécifiques, que nous aborderons dans une autre vidéo. Par exemple, en France, 11 mammifères sont strictement protégés : le bouquetin, l'ours brun, le loup, ou encore, le lynx. Mais, au-delà des mammifères, vous pouvez trouver dans la biodiversité remarquable des insectes, des plantes, des mollusques, ou même des champignons. La biodiversité ordinaire, est une notion plus difficile à cerner. Dans une approche anthropocentrique, c'est-à-dire centrée sur l'homme, elle est la nature quotidienne de l'homme, celle qui l'entoure, par rapport à la nature sauvage. Dans une approche écologique, elle rassemble les espèces communes, celles que l'on ne remarque pas et qui furent, pendant longtemps, oubliées de toute forme de protection. On y trouve nos oiseaux quotidiens, les moineaux ; mais aussi les abeilles, le lichen, l'oseille sauvage par exemple. Cette distinction entre une nature remarquable, sauvage, et une nature quotidienne proche de nous, est inscrite dans notre législation. Par exemple, la loi protégeant les abeilles domestiques, n'est pas la même que la loi protégeant les abeilles sauvages. Cette double vision de la biodiversité renvoie à deux raisons de la protéger. Une première raison, purement utilitariste et économique : les êtres vivants sont protégés s'ils favorisent notre dévelopement. Les abeilles sont protégées, car elles participent gratuitement à la pollinisation. Une deuxième raison est culturelle, patrimoniale ou esthétique. Les ours des Pyrénées. Ils sont protégés parce qu'ils s'inscrivent dans l'histoire des Pyrénées. Cette approche de la biodiversité, distinguant la biodiversité remarquable de la biodiversité ordinaire, estment contestée. Elle est contestée par sa vision purement anthropocentrique. Il y aurait donc une nature vierge de l'homme, et une séparation fondamentale entre la nature, le sauvage ; et l'homme. C'est une vision très occidentale, que ne partagent pas un grand nombre de sociétés. En France en effet, depuis le XVIIe siècle, nous considérons qu'il existe une différence fondamentale entre l'homme et les animaux L'homme, se distinguerait par sa capacité singulière à la subjectivité, au langage, à la réflexion et à l'émotion. Au XIXe siècle d'ailleurs, les manuels scolaires font apprendre la dichotomie entre les espèces utiles, et les espèces nuisibles. On décrivait la nature sauvage comme un enfer vert. A l'inverse, un nombre de cultures n'ont jamais créé de frontières entre l'homme et la nature qui l'entoure. Des concepts qui nous sont familiers, de société, de nature, ou encore de culture, n'ont pas leur équivalent, dans beaucoup d'autres langues du monde. Ils n'ont pas leur équivalent, et ne peuvent être projetés sur d'autres civilisations, qui ne voient pas le monde de la même façon que nous. Les indiens d'Amazonie, les animistes, le peuple Achuar par exemple, parlent des autres êtres vivants, des animaux, comme des personnes, comme des êtres qui ont simplement une apparence différente. La science nous apprend aujourd'hui, que les animaux sont doués de capacité de langage, d'organisation en société, et de sensibilité. Une connaissance qui remet en question cette frontière entre l'homme et la nature. Nous avons même vu dans une précédente vidéo, que l'homme comprend plus de cellules non humaines que de cellules humaines. Aussi se développe une troisième raison de préserver la biodiversité. Ce que l'on appelle l'écocentrisme, ou le biocentrisme. Les êtres vivants sont appréciés dans toute leur diversité, car cette diversité est indispensable à l'équilibre des écosystèmes, dont l'homme lui-même fait partie. Alors, plutôt que de distinguer la biodiversité remarquable, de la biodiversité ordinaire, Nous devrions nous intéresser à la biodiversité extraordinaire. Celle que nous ne connaissons pas, ou dont nous découvrons les super-pouvoirs. Une grande partie de cette biodiversité se trouve dans les océans. La planète n'est pas verte, elle est bleue. 71 % de la planète est couverte d'océans, dont nous ne savons que très peu de choses. Comme nous l'avons vu dans la précédente vidéo, la vie est née dans les océans. Et le témoignage le plus extraordinaire de l'évolution est ce poisson, le Coelacanthe. Le Coelacanthe est le plus vieux poisson du monde. Il sillonait déjà les océans il y a 400 millions d'années. On le pensait disparu, jusqu'à ce qu'il se retrouve pris dans le filet d'un pêcheur en 1938 en Afrique du Sud. Il n'en reste environ que 300 individus dans les Comores. Et il semble être le tout premier lien connu, entre la vie aquatique et la vie terrestre. Ses nageoires sont charnues, avec des muscles, et rattachées à leur corps par un os. Elles sont l'ancêtre des pattes. Ils ont une poche de gaz avec des parois épaisses, qui pourrait être le vestige de nos poumons.. Vous imaginez l'intérêt extraordinaire de ce poisson, pour comprendre notre propre évolution. Et cet exemple n'est qu'une illustration de l'intérêt fondamental des océans. Mais savez-vous, qu'au-delà de 4 000 mètres de profondeur, 75 % des fonds marins restent inexplorés? Or la moyenne des profondeurs des océans est de 4 500 mètres. Le point le plus profond connu des océans serait la fosse des Mariannes, à presque 11 000 mètres de profondeur. Ces grands fonds ont été peu explorés, car au-delà de 1 000 mètres, la nuit est totale. Les pressions sont extrêmes, et l'oxygène est rare. Ils ont été peu explorés car, pendant longtemps, nous ne nous sommes pas intéressés à l'infiniment petit. Or, 90 % du poids de la vie marine est constitué de microbes, c'est-à-dire de virus ou de bactéries. Les premières explorations ont commencé au début du XIXe siècle. En 1930, le premier bathysphère, conçu par des Américains, descendra à 920 mètres. À ce jour, les seuls engins habités descendant à 6 000 mètres sont le japonais Shinkai, et le français Nautile. Mais le reccord absolu d'un robot, donc d'un engin non habité, est le japonais Kaikō, à 10 900 mètres, dans la fosse des Mariannes, en 1995. Nous savons si peu de choses, que les estimations des espèces vivant dans ces profondeurs varient de 500 000 à 10 millions. Or nous trouvons dans les océans des espèces extraordinaires. Savez-vous que le venin le plus dangereux au monde, n'est pas celui d'un serpent ou d'une araignée? Le venin le plus dangereux est celui de cette méduse australienne : la guêpe de mer. Ses tentacules, de trois mètres de long, libèrent des micro fléchettes en cas de contact, et la victime succombe en quatre minutes. Chaque guêpe de mer possède assez de venin pour tuer 60 hommes de corpulences normales. Connaissez-vous cet animal? On l'appelle Iron Snail, Escargot de Fer. Il a été découvert en 2003, à 2000 mètres de profondeur. C'est le seul animal connu, dont la coquille est partiellement composée de fer. Ce qui lui permet de vivre dans des sources acides, dont les températures peuvent être supérieures à 300 degrés. Je vais enfin vous présenter deux espèces absolument incroyables. Commençons par la plus inquiétante. La seule espèce vivante biologiquement immortelle : une méduse. Cette méduse, originaire des mers des Caraïbes, a la capacité de reconfigurer ses cellules défaillantes par des cellules neuves. Lorsqu'elle a atteint sa maturité sexuelle, elle est capable d'inverser son processus de vieillissement, et de retourner à l'état juvénile. Et ceci, théoriquement, de manière infinie. Ce qui inquiète les scientifiques, n'est pas l'immortalité biologique de cette méduse, mais l'invasion progressive des océans par toutes les formes de méduses. Deuxième espèce incroyable : le tardigrade, communément appelé ourson d'eau. Plus sympathique. C'est une espèce totalement à part, dont on ne connaît pas l'origine. Il ne mesure que moins d'un millimètre. Il s'est développé dans les océans, à plus de 4 000 mètres de profondeur, jusque sur les plus hauts sommets, à plus de 6 000 mètres d'altitude. Il se trouve dans les régions chaudes de l'équateur, comme sur le cercle polaire. L'ourson d'eau peut vivre plusieurs années sans eau ni nourriture, avant de revenir à la vie, quand les conditions lui sont plus favorables. Son super-pouvoir est la cryptobiose. c'est un état d'arrêt métabolique, où il abaisse son activité vitale à 0,01 %. Il remplace l'eau de son corps par des sucres synthétiques, qui lui permettent de vivre dans des milieux très hostiles, toutes les formes de plus de 150 degrés Celsius, à moins 272 degrés Celsius. Vous l'avez compris, la biodiversité n'est pas ordinaire, ou remarquable. Elle est souvent extraordinaire, et une source inépuisable de connaissances. Je vous remercie. [AUDIO_VIDE]