[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors, dans l'histoire des négociations, la COP21 est importante, non pas parce qu'elle a lieu à Paris, mais parce qu'elle doit trouver un successeur au protocole de Kyoto. C'est ça l'objectif. Et un successeur au protocole de Kyoto, aujourd'hui, quand les pays en développement envoient plus de gaz à effet de serre que les pays développés, c'est un accord où tous les États participent à quelque chose. Et donc, l'enjeu, le succès, c'est d'abord qu'il ait un accord avec 195 pays qui sont signataires. Et puis le deuxième enjeu, bien entendu, c'est qu'on reste en deçà d'une augmentation de température de 2 degrés celsius, à la fin du siècle. Aujourd'hui, ce qui est totalement sans précédent, jusqu'à présent, nous avons déjà les devoirs de vacances, en quelque sorte, des 195 pays, puisqu'une grande partie d'entre eux ont déjà déposé sur la table, avant même la conférence, donc on sait, à peu près, ce qu'il en sortira, leur programme national de lutte contre le changement climatique, ce qu'on appelle les INDC, Intended Nationally Determined Contributions, donc, c'est-à-dire, ce ne sont pas des engagements, ce sont des contributions, et on sait déjà, si on additionne, un petit peu, le résultat de l'ensemble de ces programmes nationaux de lutte contre le changement climatique que malheureusement, on n'est pas, on est au-dessus de 2 degrés celsius, on est peut-être à 3, et donc, dans la négociation, la présidence française et beaucoup d'autres pays voudraient qu'on puisse réviser les engagements tous les 5 ans, pour les améliorer, pour aller un petit peu plus loin. Donc, ça, c'est la négociation. Mais, il faut bien comprendre une chose, c'est que cette négociation qui quand même traîne depuis une vingtaine d'années, n'a pas été capable, jusqu'à présent, de mordre réellement sur, disons, le changement climatique, de réduire les émissions, au contraire les émissions n'ont cessé d'augmenter, tout simplement parce que derrière la question des émissions, il y a la question du développement. Et, en réalité, l'enjeu de la lutte contre le changement climatique, c'est très simplement, c'est qu'il faut cesser de prendre du carbone dans l'écorce terrestre et de l'envoyer dans l'atmosphère. Voilà l'enjeu, et ça veut dire quoi ça? Bah, ça veut dire qu'il faut se passer des combustibles fossiles. Se passer des combustibles fossiles, le charbon, le pétrole, le gaz naturel, mais c'est ce qui a permis à l'humanité de se développer depuis 3 siècles, comment on fait. Et donc, voilà la question. Donc, la question ça veut dire que, en fond, si on veut vraiment lutter contre le changement climatique, il faut que toute l'économie s'y mette, l'économie mondiale, les techniques, les entreprises, les villes. Et puis, les négociations, elles sont très importantes, elles donneront le signal, mais ce n'est pas là que ça va se passer, ça va se passer vraiment au coeur de l'économie dans les entreprises, il faut inventer d'autres sources d'énergie, il faut inventer un mode de vie sobre en carbone, ça, c'est devant nous, c'est à la fois passionnant et très difficile. [MUSIQUE] Dans les négociations, il y a évidemment plusieurs catégories de pays, il y a les pays en développement, il y a les pays émergents, il y a les pays développés, il y a les pays qui émettent et il y a les pays qui n'émettent pas, donc il faut mettre à peu près tout le monde d'accord, et dans un accord précisément, dans un traité ou quelque chose qui va sortir de Paris, on ne sait pas exactement sous quelle forme, il faut que tout le monde y trouve son compte. Alors, les États-Unis et la Chine, sont les champions, des émissions, malheureusement. Ce sont eux qui envoient le plus de gaz à effet de serre, les Américains à cause de leur mode de vie surtout, ils sont à presque 10 tonnes par habitant, quoi, et puis, les Chinois, ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux, mais surtout parce qu'ils utilisent le charbon d'abord, comme source d'énergie. Eh bien, fait nouveau par rapport aux négociations précédentes, ces 2 États se sont mis d'accord, ils se sont mis d'accord en dehors de la négociation, c'est ça qui est frappant, la négociation est nourrie par des décisions qui viennent de l'extérieur, donc, ils se sont mis d'accord pour, la Chine parvenir à son pic d'émission en 2030, et les États-Unis de réduire de quelque chose comme 20 % par rapport à 2005, ses émissions de gaz à effet de serre. Et le président Obama se donne beaucoup de mal en réalité, c'est vrai, pour réduire les émissions, mais comme il n'a pas la majorité au Congrès, il ne peut pas passer par la loi, il passe par le règlement, donc, il a réglementé ce qui sort des voitures pour que les voitures soient plus propres, et là, il est dans une espère de bras de fer pour réglementer la production d'énergie des 50 États américains. Donc, pour la première fois, les Américains sont vraiment engagés dans la lutte, dans tous les cas, l'administration américaine, ce n'est pas si simple, c'est un enjeu politique, malheureusement, aux États-Unis. Et la Chine, ils ont moins peur de la Chine, puisque la Chine, elle-même, a peur aussi du changement climatique, vous savez ce qu'il s'est passé à New York avec l'ouragan Sandy, ça peut arriver à Shanghai aussi, et les Chinois, en ce moment, sont en train d'expérimenter qu'il faut absolument protéger l'environnement, on ne peut presque plus vivre à Pékin, tellement c'est enfumé, tellement c'est sale. Donc, les Chinois sont vraiment préoccupés, également par la question de l'eau, La question de l'eau est très importante et souvent négligée dans les négociations climatiques ou dans les discours sur le changement climatique, parce que le principal vecteur du changement climatique, ça va être l'eau, la flotte, et il va beaucoup pleuvoir dans certains endroits et pas dans d'autres, regardez ce qu'il se passe en Californie, c'est le changement climatique. Alors, les scientifiques vous disent, on est pas encore sûr, il faut attendre, oui, enfin bon, c'est le changement climatique. [MUSIQUE] Alors, depuis une dizaine d'années, aux Nations Unies, on se rend compte que si l'on veut changer le mode de production et de consommation, pour parvenir au développement durable, pour lutter contre le changement climatique, et même pour avoir une plus grande égalité Nord-Sud, disons, bah, on ne peut pas le faire sans les entreprises, voilà. C'est très simple derrière tout objet de la vie quotidienne, tout service, il y a des entreprises qui sont derrière et ce sont elles, évidement, qui utilisent l'énergie, qui façonnent en quelque sorte le mode de vie de chacun. Or, parallèlement depuis aussi une quinzaine d'années, dans les entreprises, il y a une génération nouvelle d'entrepreneurs, de responsables, qui sont soucieux de responsabilités sociétales, comme on appelle ça, qui veulent être de bons citoyens, et puis, qui se disent après tout, si le monde va très mal, bah, l'entreprise ira très mal aussi, et même, je pourrais ajouter qu'elles ont besoin de recruter, de recruter des jeunes, et beaucoup de jeunes, aujourd'hui, veulent être fiers de leur entreprise, et n'accepteront pas de travailler dans une entreprise dont ils ne seraient pas fiers. Donc, il y a ce mouvement, ce mouvement concordant, on a besoin des entreprises, et des entreprises veulent s'engager, et donc, depuis 15 ans, elles jouent un rôle de plus en plus important dans toutes les affaires d'environnement global, disons, de développement. Dans l'association où je travaille, le Global Compact, le Pacte Mondial des Nations Unies, il y a un peu près 12 000 entreprises, qui rapportent tous les ans, qui communiquent, la façon, dont elles respectent les principes des Nations Unies, et notamment elles s'engagent pour le climat, elles rendent publiques, elles calculent, elles mesurent leur empreinte carbone, elles rendent publiques, elles communiquent dessus, elles s'engagent à la réduire, donc, elles s'efforcent d'économiser l'énergie, elles substituent des sources renouvelables à des sources fossiles, et même davantage maintenant elles réclament, et ça, c'est très très frappant, c'est même tout à fait remarquable, elles réclament un prix du carbone, elles disent, écoutez quand on jette un papier gras par terre, on a une amende, quand on jette du CO2 dans l'air, qui va tout bouleverser le climat mondial, provoquer la montée des eaux, et sans doute des déplacements de population, des crises, peut-être des guerres, c'est gratuit. Non seulement, c'est gratuit, il y a même des subventions, il y a des pays qui subventionnent la consommation de combustibles fossiles. Non, ce n'est pas possible, que les gouvernements soient sérieux, qu'ils nous mettent un prix progressif du carbone, une taxe ou un marché de quota d'émissions, et à ce moment-là, toutes les entreprises seront incitées à passer aux énergies renouvelables. Tandis qu'aujourd'hui, la source d'énergie la moins chère, c'est le charbon et c'est le plus polluant. Donc, les entreprises sont prêtes à s'engager vraiment, puisqu'elles demandent une espèce de taxe, on pourrait dire, sur le carbone. Et de la même façon, elles commencent à s'engueuler entre elles, si vous me permettez l'expression, puisque même les pétroliers disent aux charbonniers, écoutez, il vaut mieux passer au gaz qu'au charbon, donc, il y a une espèce de mouvement général des entreprises qui est tout à fait passionnant, et qui est parallèle à un mouvement des collectivités locales, puisque les élus des villes, les élus des États, ont aussi des moyens réglementaires, pour la circulation, pour la construction, pour les règles de construction, d'isolation des bâtiments, etc. Donc, il y a un grand mouvement où les entreprises jouent un rôle de plus en plus important, et d'autres acteurs, simplement elles ne sont pas dans la négociation, c'est ça la difficulté, c'est que la négociation est menée par les États et les diplomates, donc il faut trouver le moyen de les mettre dedans, et je pense qu'il y a une innovation internationale passionnante, c'est que, alors que les négociations, en général, sont État par État, c'est le système actuel dans lequel nous vivons, il y a une innovation depuis que Kofi Annan a introduit en 2000, l'idée d'avoir des objectifs, objectif global, alors c'était des objectifs du millénaire pour le développement, qui se sont achevés cette année et puis, qui vont être suivis par des objectifs de développement durable. Et là, chaque objectif a des cibles, il faut les atteindre, et pour atteindre ces cibles, alors là, on peut monter des coalitions entre gouvernements, États, villes, ONG, entreprises. Et ça, c'est passionnant, cette façon de procéder en essayant de monter des coalitions, à mon avis, c'est l'avenir. Alors, est-ce que c'est encore prêt? Ce n'est pas encore prêt dans le climat malheureusement, mais c'est ce qu'il faut faire. [AUDIO_VIDE]