[MUSIQUE] Bonjour et bienvenue dans cette vidéo. Nous venons de voir que les océans jouaient un rôle majeur de puits de carbone, mais ce n'est pas leur seule fonction. Les 5 océans qui couvrent environ les 2 tiers de la surface de notre planète, exercent aussi une véritable fonction régulatrice, qui est essentielle pour la stabilité du climat. Le grand bleu est donc un gardien des équilibres. La question, à laquelle nous allons tenter de répondre dans cette vidéo, est la suivante : est-ce que ce rôle de régulateur, que jouent les océans, pourra être maintenu face à l'augmentation des gaz à effet de serre, d'origine anthropique. Afin d'y répondre, nous verrons, premièrement, la fonction régulatrice des océans, deuxièmement, la mise en danger de cette fonction, en raison du réchauffement climatique et de ses conséquences, troisièmement, les conséquences d'une montée des eaux pour l'Homme et les écosystèmes côtiers. À la fin de cette vidéo, vous aurez compris comment le réchauffement climatique impacte la régulation océanique, et quelles peuvent être ses conséquences pour l'Homme et les écosystèmes. Nous avons vu que les océans sont un immense puits de carbone, ils sont aussi un puits de chaleur, absorbant en effet entre 80 et 90 % de la chaleur dégagée dans l'atmosphère. Le processus est le suivant, le carbone de l'atmosphère est pompé par l'océan, puis se dissout ensuite dans l'eau, pour former du carbonate, qui est un acide. C'est ce qu'on appelle la pompe physique, plus l'océan absorbe de carbone et plus son acidité augmente. Ce phénomène est une réelle menace pour la biodiversité marine, comme nous le verrons un peu plus tard. Le carbone se fixe également dans les tissus des organismes, par photosynthèse, par exemple, dans les coquilles calcaires de micro-organismes, dont une partie est entraînée en profondeur, pour être stockée dans les sédiments marins. C'est ce qu'on appelle la pompe biologique. Les océans ne sont pas seulement un gigantesque aspirateur, on les compare aussi, souvent, à un tapis roulant, qui régule la circulation des courants et donc l'équilibre des climats. Ce tapis roulant fonctionne essentiellement selon 2 mouvements opposés. D'un côté, les eaux chaudes de surface partent de l'équateur vers les pôles, et de l'autre, les eaux froides des profondeurs partent des pôles vers l'équateur. Ce mécanisme est essentiel à la régulation des températures et de l'équilibre biochimique des eaux océaniques, et s'appelle la circulation thermohaline, en référence à la relation entre température et salinité. Ce tapis roulant est aussi un moyen de transport pour les espèces migratrices, mais aussi pour les microalgues, les méduses, ou encore, les larves et les oeufs. On voit donc que l'océan exerce une fonction régulatrice essentielle, vis-à-vis du climat, notamment sur le long terme. Et même, si les scientifiques ne disposent pas aujourd'hui de réponses suffisamment précises, il semble bien que cette fonction régulatrice soit de plus en plus fragilisée, par l'augmentation de la quantité de CO2 d'origine humaine. Mais, voyons alors quelles sont les conséquences de ce réchauffement climatique sur les océans. Eh bien, en absorbant l'essentiel du réchauffement de l'atmosphère, les océans voient leur température augmenter. Par un phénomène de dilatation thermique, cette hausse de température entraîne une hausse de volume. Mécaniquement, vous l'aurez compris, on aboutit à une élévation du niveau des mers. Les autres conséquences sont l'acidification, qui menace directement les récifs coralliens et la biodiversité marine, et le manque d'oxygénation des eaux profondes, à partir de 700 m, qui commencent, elles aussi, à se réchauffer. Et enfin, la circulation thermohaline semble entrer également dans une phase de ralentissement, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur les variations climatiques régionales, notamment dans le nord de l'Europe, avec un ralentissement prévisible du réchauffement par rapport aux prévisions. Mais, revenons à la hausse des températures des océans. En observant, par exemple, une température moyenne à la surface de l'océan Arctique, depuis 2000, supérieure de 2 à 3 degrés Celsius, à celle des 50 dernières années, on voit bien que ce réchauffement est avéré. Plusieurs études scientifiques démontrent que cette hausse des températures à un impact direct sur l'augmentation de la fréquence et de la puissance des catastrophes naturelles, comme les ouragans ou les cyclones. La hausse des températures entraîne à son tour le réchauffement de l'atmosphère dans un cercle vicieux, puisque le réchauffement des eaux accroît l'évaporation et donc, la vapeur d'eau qui est un gaz à effet de serre. Et pour revenir à l'élévation du niveau des océans, après plusieurs millénaires de stabilité, la hausse est nette depuis la fin du XIXe siècle, de 1,7 mm par an au cours du XXe siècle, on est passé aujourd'hui à plus de 3,2 mm par an, selon les observations conjointes des satellites et des marégraphes. Aujourd'hui, les prévisions du GIEC sont encore plus alarmistes concernant la probable montée des eaux, au cours de ce siècle, évoquant jusqu'à 1 mètre. Sur quoi se base-t-il pour avancer cela? Sur des études, de plus en plus précises, analysant le rôle que joue la fonte des glaces, notamment dans les 2 grandes calottes polaires du Groenland et de l'Antarctique. En effet, le rôle des pôles est aujourd'hui déterminant. On estime que 20 % de la montée des eaux, au cours des 20 dernières années, seraient dus à la fonte des glaces. Cette fonte des glaces, qui libèrent d'énormes quantités d'eau douce, risque à son tour de ralentir la circulation thermohaline. Si on excepte la partie Est du pôle Sud, la calotte glaciaire groenlandaise et la partie Ouest de l'Antarctique fondent à un rythme qui s'accélère. Selon une étude de la NASA, de 2011, à ce rythme, le niveau des océans pourrait augmenter de 33 cm, d'ici 2050. On comprend donc que les conséquences de cette montée des eaux, sur les écosystèmes et les populations, sont plus qu'inquiétantes. Enfin, quels sont les impacts concrets de la montée des eaux? Concernant les écosystèmes côtiers, dans lesquels vivent 500 millions de personnes, les risques principaux sont la salinisation des terres et des aquifères, l'érosion des littoraux, la disparition des zones humides et des mangroves, mais aussi, bien sûr, des inondations quasi permanentes, auxquels s'ajoutent des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. L'Asie soumise aux typhons et l'Afrique sont les deux premiers continents visés. De nombreuses villes côtières risquent également d'être sous les eaux, à l'image de New York dont le cas fut médiatisé dans le documentaire, une vérité qui dérange, présenté par Al Gore. Mais, ce sont surtout les populations les plus fragiles de la planète qui seront les victimes de cette élévation des eaux. Toutes les études montrent en effet une corrélation entre pauvreté économique et vulnérabilité aux phénomènes climatiques. Du Bangladesh au Nigéria, ce sont des milliers de personnes qui sont concernées. Ces victimes du réchauffement climatique existent déjà, on estime à l'heure actuelle, que dans le monde, toutes les 2 secondes, une personne déménage pour des raisons climatiques. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, en 2011, 32 millions de personnes étaient des réfugiés climatiques. Ce chiffre augmente chaque année, alors même, que le statut de réfugié climatique n'a pas encore été entériné par la communauté internationale. La réalité est bien là, et la montée des eaux des océans en est, sans aucun doute, l'un des facteurs majeurs. En conclusion, il semble que le rôle régulateur des océans soit de plus en plus menacé par le réchauffement climatique, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'équilibre des écosystèmes et la vie des populations, à la surface du globe. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE]