[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo intitulée : De la pensée écologique à l'écologie politique. Cette séquence a deux objectifs. Le premier de ces objectifs c'est d'être capable de situer l'émergence et le développement en courants divers de l'écologie politique. Et le deuxième objectif est de connaître la relation de l'écologie politique avec la pensée écologique. On a très bien vu dans votre exposé, l'émergence de la pensée écologique au XIXe siècle et ensuite son développement à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale. Qu'on le rappelle rapidement, il y a d'un côté le scepticisme quant aux capacités de notre technique à résoudre nos problèmes actuels d'environnement. Et de l'autre, le deuxième trait, la critique de l'anthropocentrisme. Alors maintenant, qu'en est-t-il finalement de l'écologie politique? Quels sont les liens que l'on pourrait faire avec l'écologie politique? >> Alors, repartons bien effectivement de cette question du redémarrage en quelque sorte de la pensée écologique >> après la deuxième guerre mondiale. Pensons aux travaux de Vogt et Osborn qui se connaissaient très bien tous les deux, là dans leur livre qui pointe la possible famine, et cetera. On revient à une tradition un peu malthusienne. Alors ces deux traits sont très clairs. Chez eux, vraiment, et critiquer l'anthropocentrisme. L'humanité entame une guerre vis-à-vis de la nature et cette guerre elle va la perdre. Et on voit très bien le deuxième trait et là aussi de façon très claire. Ils voient très bien que les techniques ne sont pas capables de reproduire des sols, qu'au contraire, elles tendent à les détruire, et cetera et que les techniques sont incapables de répondre aux difficultés qui sont les nôtres. Donc la pensée écologique elle redémarre de façon très claire. Mais évidemment, la pensée écologique ça n'est pas l'écologie politique. L'écologie politique, c'est un fruit de cette pensée. Cette pensée redémarre, on va accumuler encore des données scientifiques. La seconde moitié du XXe siècle, dès les années 50, il y a les travaux de Revel sur le cycle du carbone, sur le climat. On va revenir sur les questions de la biodiversité, et cetera. Donc les avis scientifiques redémarrent, et on se rend compte d'une part que la démographie explose, que nos activités économiques explosent et qu'en conséquence de ces deux nouveaux traits, eh bien effectivement, ces anciens problèmes écologiques qu'on avait pointés au XIXe siècle prennent un tour nouveau, une ampleur nouvelle, atteignent un degré inouï et on va se rendre compte petit à petit, et la chose va devenir très claire. On va s'appuyer sur ces constats nouveaux et l'incapacité des techniques à répondre va pour ces analyses, devenir évidente. Donc si nos techniques ne sont pas capables de répondre aux dégradations qu'elles produisent, eh bien on en revient à l'idée que seule une réforme profonde de la société, de nos modes de vie, pourrait faire front à ces difficultés qui s'accumulent et pourrait éviter à l'humanité une passe extrêmement difficile voire une forme d'apocalypse ou d'effondrement. Et c'est là que naît l'écologie politique. L'écologie politique c'est cette pensée qui se forme à partir de la pensée écologique, à partir de ce qui a toujours nourri la pensée écologique, qui en est l'héritière directe, qui arrive et qui dit : effectivement, nous ne pourrons répondre aux difficultés que nous accumulons sans une réforme profonde de la société. >> Nous avons vu que l'écologie politique, elle est issue de la pensée écologique >> et qu'elle s'est vraiment nourrie des avancées scientifiques, d'après la seconde guerre mondiale. Par rapport à l'écologie politique, peut-on dire qu'il y a une seule écologie politique ou existe-t-il plusieurs mouvements différents? >> Alors il y a évidemment plusieurs écologies politiques. Je voudrais juste revenir à un moment, à cette charnière des années 60 et des années 70. On va le voir, il y a des courants de l'écologie politique qui sont même avant. Mais, je veux dire, on atteint vraiment un moment d'explosion dans les années 70. On a évidemment la conférence de Stockholm, on a le rapport Meadows, donc le rapport au club de Rome, avec ce scénario qui montre que si on est dans la poursuite du business as usual, on va arriver, alors là à l'époque, c'est des décennies après, entre 2020 et 2040, un moment donné où les principales courbes vont s'inverser et en fait décroître au point de suggérer un effondrement général. Donc on a vraiment bien, là on est dans un contexte très particulier. C'est aussi un contexte très important parce que on va être très proche du premier choc pétrolier, 1973, 1974. On est vraiment à tout ce moment où on a une sorte de première sonnette d'alarme qui est tirée et c'est vrai que pendant un temps, assez court il faut bien le dire, la société va accorder une audience, va écouter assez sérieusement ces discours de l'écologie politique pour finir en fait par les enterrer, et nous y reviendrons. Alors effectivement, il n'y a pas un courant. Vous avez totalement raison. Il n'y a pas un courant d'écologie politique, il y en a plusieurs. On pourrait dire que le premier courant c'est le courant malthusien. C'est celui qui va mettre l'accent sur un des facteurs majeurs de la crise, c'est l'explosion démographique. Entre 1950 et 2000 la population humaine grosso modo va doubler, va passer de trois à six milliards et on est inquiet de voir une forme d'explosion de la démographie. Alors ce premier courant c'est ce courant malthusien, il commence, il se réaffirme, tout de suite, dès après la deuxième guerre mondiale. On a au contraire un courant qui est plutôt un courant arcadien, qui n'est pas très attentif à ces questions de démographie, qui n'ignore pas du tout la situation telle que les sciences de diagnostic permettent de la mettre à plat, mais voient surtout dans l'écologie politique le fait d'imaginer que en tournant le dos à un certain productivisme, à une certaine forme d'industrialisme, on peut construire une vie beaucoup plus heureuse, d'où le mot d'arcadien. On va avoir un courant qui est un courant institutionnaliste, où au contraire, ce que l'on va mettre en avant eh bien, comment, puisque effectivement on doit réformer la société, on peut pas imaginer de réformer la société et les modes de vie sans réformer les institutions, donc là on va se focaliser sur la réforme des institutions. On va avoir un courant qu'on pourrait dire survivaliste ou apocalyptique, suivant le mot que l'on veut bien retenir. C'est-à-dire que là, on a atteint déjà un degré de dégradation très fort, on va très probablement pas changer de suite et l'idée d'un effondrement à un horizon plus ou moins proche, n'est pas du tout une idée absurde. Mais ça, ça va être un courant très important, qui démarre là aussi début des années 70 et qui va se renforcer. Et puis, alors on aura, évidemment toujours un courant autoritaire, le courant qui dit bah non, les démocraties ne sont pas capables de répondre et il ne faut pas chercher les solutions du côté des démocraties mais du côté d'une alternative autoritaire au système démocratique. Donc c'est tout cet ensemble de courants-là que nous allons analyser. >> Voilà. Nous arrivons maintenant à la fin du module un, où nous avons, dans un premier temps, présenté les mots de l'environnement, qui se résument aux épuisements des ressources indispensables à nos activités économiques et aux très fortes perturbations que nous induisons au sein du système Terre. Dans un deuxième temps, nous avons clarifié les différents mots apparentés au champ écologique, comme l'écologie scientifique, l'écologisme, l'environnementalisme, les humanités environnementales. Et tout ceci, dans le but de définir ensuite les deux expressions clés qui sont pour nous la pensée écologique et l'écologie politique. Voici maintenant en guise de conclusion les points qu'il est important de retenir. Alors, nous avons montré qu'à la fin de la deuxième guerre mondiale, l'écologie politique s'approprie les problèmes environnementaux pointés du doigt au XIX e siècle, et comment, grâce au cumul des avancés scientifiques, qui constate avec inquiétude l'ampleur inouïe de ces problèmes. Deuxièmement, l'écologie politique considère que seule une réforme de la société, de nos modes de vie pourrait faire face à ces problèmes d'environnement qui s'accumulent, et éviterait à l'humanité une forme d'effondrement. Et troisième et dernier point. Le fait que les décennies 1960 et 1970 sont la période charnière où, grâce à la masse de constats et au degré d'informations très important, l'intuition de la pensée écologique se confirme. Et de multiples courants d'écologie politique émergent, période aussi durant laquelle le grand public sera le plus réceptif au discours écologique. Merci d'avoir regardé cette vidéo. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]