[MUSIQUE] [MUSIQUE] Quand on compare les programmes d'une université médiévale avec les programmes actuels des universités contemporaines, on est frappé par une différence radicale. Dans les universités médiévales, les programmes s'articulent autour de cinq, six disciplines principales comme la logique, les mathématiques, la philosophie, la rhétorique. Par contre, dans nos programmes universitaires actuels, quelles que soient les disciplines, on est en face de dizaines de cours, on est en face d'une multitudes de programmes, et donc, dans cette séquence je souhaite vous parler de l'importance des compétences transversales, qu'on appelle parfois soft skills, dans l'université actuelle. Mes propos seront divisés en trois temps : au début, je vais parler des raisons de la fragmentation des savoirs universitaires, ensuite je vais tenter de définir ce que sont les soft skills et pourquoi faut-il les développer notamment pour les besoins du marché du travail, et enfin, je vous donnerai un peu plus de détails sur ce que comportent les soft skills actuels à l'université. Commençons par la fragmentation des programmes universitaires actuels. Je vais prendre un exemple concret : prenez un programme de psychologie du développement. Dans les années 1940, 1950, un programme de psychologie du développement se présente sous la forme d'un cours, sur le développement humain ou la psychologie de développement. Or actuellement, quand vous allez dans une faculté de psychologie de l'éducation, vous avez des cours développement du nourrisson, cours du développement de l'enfant, cours du développement du préadolescent, de l'adolescent, cours du développement de l'adulte, et donc on a vraiment une multitude et une fragmention. En plus, de temps en temps, on va spécialiser le développement dans le développement, par exemple, des enfants d'un groupe ethnique, notamment aux États-Unis. Et donc, c'est juste pour vous illustrer que l'université, depuis plus d'un siècle, est rentrée dans une phase de fractionnement des savoirs universitaires et les savoirs universitaires se présentent dans des espaces de plus en plus spécialisés. Or, justement, cette spécialisation semble nuisible aux compétences des universitaires. Alors pourquoi je vous dis ça? Parce qu'en général, quand nos diplômés, quelle que soit la discipline, rentrent sur le marché du travail, ils se rendent compte très vite de deux choses. La première chose c'est que, en fait, les savoirs universitaires sont différents des savoirs professionnels. Autrement dit, ce que vous faites à l'université est différent de ce qu'on fait dans le marché du travail, d'où la tendance à ce que beaucoup d'employeurs disent : en fait l'université nous envoie des diplômés qui ne sont pas compétents. Et donc, par exemple le Forum Économique Mondial a fait une étude pour dire quelles sont les compétences attendues des ressources humaines en 2025, et le Forum Économique Mondial donne un certain nombre de compétences qui ne sont pas enseignées à l'université. Par exemple : la créativité, l'empathie, le travail en groupe, le sens de la citoyenneté, la sensibilité au développement durable, la capacité de travailler en équipe. Et en fait, toutes ces compétences que je viens d'énumérer sont parfois abordées à l'université mais elles ne font pas l'objet du, je dirais, du cœur du programme à l'université, d'où finalement la proposition que je soumets à votre analyse et à votre diagnostique, qu'à l'université on doit de plus en plus s'occuper de compétences transversales. Et donc les compétences transversales seraient le plus qu'on met dans les programmes universitaires pour rendre nos étudiants plus compétents. Je vais aussi prendre un exemple concret. Prenez par exemple un médecin formé dans une faculté de médecine. Bien sûr il faut le former dans le hard skill. Alors ce qu'on peut dire, le hard skill par exemple, c'est les connaissances en pathologie d'un médecin : un bon médecin doit être compétent pour identifier les pathologies. Mais en même temps un bon médecin doit être formé à la communication avec les malades, il doit être formé, par exemple, à accompagner les personnes en fin de vie, il doit être formé pour annoncer une maladie incurable à un patient, et toutes ces compétences que je viens de vous décrire, c'est ce qu'on appelle des compétences transversales. Et donc, à l'université, on sera de plus en plus amené à faire des activités, à faire des cours, à faire des programmes de formation, pour former nos étudiants à des compétences transversales. On peut les distinguer entre des compétences en matière de langue, des compétences culturelles et interculturelles, des compétences de communication, des compétences de résolution de problème, des compétences en matière de créativité, et personnellement je crois que, par exemple, les projets de recherche seraient un outil excellent pour amener les étudiants à travailler avec leurs compétences transversales et à mettre en évidence et en œuvre leurs compétences disciplinaires avec leurs compétences qui seraient transdisciplinaires ou transversales. Pour finir en conclusion, ce cours qu'on vous propose sur Cultures et Pédagogies, il s'agit aussi d'un cours qui doit développer vos compétences transversales, dans la mesure où en même temps on croit que c'est important pour vous de connaître les travaux de Rousseau, de Piaget, de Vigotsky, dans le détail, mais on croit aussi que c'est important pour vous de voir qu'il y a des idées pédagogiques qui sont alternatives, différentes, il y a des concepts qu'on a essayé de vous présenter qui sont des concepts qui ne sont pas strictement éducatifs et qui renvoient à des concepts de sens de la vie, du sens du développement, et donc c'est, par exemple, l'un des objectifs de ce cours, c'est développer vos compétences transversales. [MUSIQUE] [MUSIQUE]