Bonjour. Bienvenue au MOOC Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Notre vidéo d'aujourd'hui est consacrée à la banque mondiale et à son approche de la question des quartiers précaires. Parmi toutes les institutions internationales qui viennent en aide aux pays pauvres, la banque mondiale est certainement celle qui s'est le plus investie dans le développement urbain et la recherche de solutions à la question des quartiers précaires. Pour la banque mondiale en effet, les interventions n'ont de sens que si elles permettent de rendre les villes plus compétitives et d'améliorer les conditions de vie des plus pauvres. Autrement dit, il s'agit de cibler les actions dont la mise en œuvre permettra d'accroître la compétitivité des villes, de dégager des ressources durables, qui donneront les moyens d'équiper les quartiers précaires et de les intégrer dans les structures des villes. Toujours pour la banque mondiale, la forte concentration des populations, dans les grandes villes du Sud, est inéluctable et peut constituer une chance de développement pour les pays, même si elle se fait, dans un premier temps, de façon désordonnée et incontrôlée. Nous examinerons cet engagement de la banque mondiale, suivant le plan en quatre points. D’abord, nous reviendrons succinctement sur ce qu'est la banque mondiale. Ensuite sur sa philosophie par rapport aux quartiers précaires, ainsi que la succession de paradigmes qui ont couvert les différentes périodes, des dernières décennies. Et enfin son engagement, à l’heure actuelle, dans la lutte effrénée contre la pauvreté. Comme vous le savez, la banque mondiale est une institution datant de l'après-guerre, lorsqu'il a fallu reconstruire les économies européennes. Elle dispose d'un instrument majeur qui est l’IDA, l'Association Internationale pour le Développement, qui est un instrument de prêts et de dons, aux pays les plus pauvres, et qui prête des fonds à des conditions concessionnelles, c'est-à-dire des intérêts très faibles ou nuls, des remboursements étalés sur 25 à 40 ans, et un différé d'amortissement de l’ordre de 5 à 10 ans. Pour la banque mondiale, l'urbanisation est inévitable. Elle est essentielle pour le maintien de la croissance économique, construite sur l'effet d'agglomération. Les villes sont, en effet, le moteur de la croissance économique. Elles se spécialisent et interagissent pour soutenir l'économie nationale, et les quartiers précaires ne sont qu'une conséquence du dysfonctionnement du marché foncier. Cette idée maîtresse est lancée par la banque mondiale, et renforcée par une succession de paradigmes, dans l'objectif d'assister les pays, pour créer des richesses, qui seront équitablement partagées. La banque mondiale considère en effet, que même si la concentration urbaine peut constituer un atout, la non maîtrise des flux de migration vers les villes peut constituer un danger, surtout lorsque les demandes sociales ne sont pas satisfaites. L'énoncé des divers paradigmes s'est traduit par un engagement au fil des décennies, c'est pourquoi elle va affiner sa vision et ses programmes suivant les périodes. Les années 70 sont celles d'une approche sectorielle, depuis la conférence de Vancouver en 1976, la banque mondiale a prit conscience de l'ampleur des quartiers précaires, et esquisse une stratégie planétaire, dans le but de régler les problèmes qui se posent, en termes d'infrastructures, d'emplois, de services et de réaliser les investissements multisectoriels, dans les zones défavorisées des villes. Cette approche a cependant enregistré de faibles résultats car les actions engagées ne tenaient pas toujours compte du caractère intégré, du milieu urbain. Les années 80-90 sont celles du soutien aux réformes des politiques et des institutions. La banque mondiale s'oriente au cours de cette période, vers la prise en charge des questions de gestion urbaine et la lutte contre l'extension de la pauvreté urbaine. Il est vrai que nous sommes à cette époque dans un contexte de retournement néolibéral, avec les politiques de Margaret Thatcher en Angleterre et de Ronald Reagan aux États-Unis. C’est cette période, qui avait vu les économies africaines stagner et subir le poids de leur dette, suite au plan d'ajustement structurel imposé, par les institutions de Bretton Woods. La période suivante va consacrer la relecture, par la banque mondiale, de l'urbanisation des pays en développement. Elle critique les dégâts sociaux des ajustements structurels et prendre le renforcement des orientations amorcées, dès la fin des années 80, c'est-à-dire l'amélioration des performances des villes, l'amélioration de l'efficacité des secteurs fonciers et immobiliers, le renforcement des autorités municipales et la promotion des stratégies de développement des villes, comme outil de planification stratégique ou encore les agendas 21 locaux, comme cadre d'intervention au XXIe siècle, pour un développement durable. Depuis l'an 2000, la banque mondiale s'est engagée énergiquement dans la lutte contre la pauvreté. Elle reconnaît ainsi les insuffisances des stratégies fondées sur les politiques d'ajustement structurel, credo des années 80-90. Sa nouvelle stratégie, la réduction de la pauvreté doit tenir compte des conditions économiques spécifiques, et de la situation sociale de chaque pays. C'est cela qui aboutit à la définition des stratégies nationales de réduction de la pauvreté, élaborée par les différents groupes sociaux, dans le cadre d'une démocratie participative. Les objectifs économiques et les objectifs sociaux sont désormais placés sur un même plan. Cet engagement nouveau de la banque mondiale s'est traduit par la définition d'objectifs du millénaire pour le développement. 8 objectifs, 18 cibles et 40 indicateurs ont ainsi été retenus. Cela correspondait à un engagement de la communauté internationale, pour améliorer la situation des habitants des quartiers précaires, réduisant de moitié la pauvreté à l'horizon 2015. C’est ce qui était exprimé au travers de la cible 11 de l'objectif 7, à savoir, améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants des quartiers précaires, à l'horizon 2020. C'était là, une façon claire de reconnaître que les quartiers précaires constituent désormais un enjeu majeur du développement. Nous venons de le voir à travers son engagement, la banque mondiale a toujours insisté sur l'importance, que pouvait revêtir les villes pour créer des richesses et atténuer les effets de la pauvreté. Elle a toujours milité pour des villes performantes, qui prennent en charge les demandes sociales de leurs habitants. Toute la question est de parvenir à des villes correctement gérées, qui génèrent des ressources suffisantes, lesquelles ressources étant convenablement réinvesties dans des secteurs productifs.