Nous avons voulu monter, en équipe un MOOC d’aspect nouveau, d’orientation inédite qui tend à saisir l’Afrique à travers la mondialisation et la mondialisation à travers l’Afrique. C’est-à -dire, placer le continent africain au centre d’une réflexion qui est consacrée à la mondialisation, ce qui est tout à fait normal puisque ce continent, qui atteint le milliard d’individus, c’est-à -dire qui dépasse le septième de l’humanité toute entière, va jouer un rôle de plus en plus important dans cette mondialisation. Important, fondamental, pour le pire et le meilleur. Pour le pire c’est l’essor des conflits, notamment au Sahel, dans le bassin du Congo, c’est aussi des millions d’individus frappés de maladies tropicales très peu ou très mal soignés, c’est aussi l’insécurité alimentaire et les centaines de millions d’êtres humains qui sont en situation de malnutrition, c’est un problème d’habitat, d’urbanisation qui souvent prennent des allures catastrophiques, donc c’est un laboratoire d’analyse et de réflexion sur la construction de la mondialisation. Mais l’Afrique est aussi une terre de promesses, promesses parce que sa population jeune va peser de plus en plus dans les grands équilibres mondiaux, va organiser, structurer le déplacement des populations, donne aux migrations un regard nouveau qui est essentiel pour comprendre qu'aujourd’hui que le migrant est l’avenir du monde. Pour toutes ces raisons nous avons choisi de travailler avec des experts, des spécialistes, des professeurs, des universitaires africains, venant de tous les horizons de l’Afrique. C’est ainsi que nous avons fait appel au professeur Atta El Battahani, professeur à l’Université de Khartoum, au professeur Karen Smith, qui est professeur au département d’études politiques de l’Université de Cape Town en Afrique du Sud, Papa Samba Ndiaye maître de conférences à l’Université Gaston Berger à Saint-Louis du Sénégal, auxquels s’ajoutent des spécialistes de science politique issus de divers continents ; du Brésil, et on sait les liens étroits entre le Brésil et l’Afrique et c’est de cela que nous parlera Carlos Milani qui est professeur de science politique à l’Université d’Etat de Rio de Janeiro. Et des universitaires français, Delphine Allès, professeur à l’Université Paris-Est Créteil, Marie-Françoise Durand, professeur de géographie à Sciences Po Paris, Folashadé Soule-Kohndou, maître de conférences à Sciences Po, Gaïdz Minassian, journaliste au Monde et maître de conférences à Sciences Po, et enfin moi-même, Bertrand Badie qui suis professeur à Sciences Po, enseignant les relations internationales et la science politique. Cette équipe essaie de s’affranchir de tout ce qui a pu peser, ces derniers temps encore, sur les analyses consacrées à l’Afrique, cet espèce de regard paternaliste, cette conjugaison sur le mode de la Françafrique de relations dites privilégiées entre la France et les pays africains. Il ne s’agit pas du tout de cela, il s’agit d’unir les efforts et les réflexions de chercheurs, de professeurs africains avec leurs homologues latino-américains et européens pour comprendre la mondialisation. Le message de ce MOOC c’est d’expliquer que la mondialisation n’a de sens que si elle est saisie par des regards convergents qui partent de lieux différents et que la mondialisation n’aura un avenir heureux, ou du moins positif, que si elle est pensée de manière égale et paritaire par les acteurs et les observateurs des différents lieux de l’espace mondial. Il ne s’agit ni d’Eurafrique, ni de Françafrique, il s’agit de comprendre l’Afrique dans le prisme de la mondialisation. Je vous souhaite une bonne écoute.