Bonjour, dans cette présentation il sera question de la fonction prédatrice des firmes multinationales en Afrique. Le développement sans précédent des firmes multinationales dans les années 1990 a modifié les rapports de force entre ces firmes et les Etats. C’est l’expansion des firmes américaines d’abord en Europe dans les années 1960 puis en Asie qui a été à l’origine du développement de ces firmes multinationales. Plus nombreuses et plus globalisées les firmes multinationales ne se contentent plus désormais d’intervenir au niveau local. Selon Charles-Albret Michalet, une entreprise multinationale est le plus souvent de grande taille, qui a à partir d’une base nationale a implanté à l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays et avec une stratégie et une organisation conçues à l’échelle mondiale. Pour parler de la prédation des firmes multinationales en Afrique, il serait plus judicieux de procéder par pays, donc nous allons prendre l’exemple de quelques pays africains et montrer la présence des firmes multinationales sur le continent. Commençons d’abord par la Tanzanie. En Tanzanie, il y a une firme multinationale qui s’appelle Barrick Gold Corporation. C’est une société canadienne dont le siège se trouve à Toronto en Ontario au Canada. En 2005, cette firme multinationale est devenue le n° 1 mondial dans l’extraction minière de l’or. Cette entreprise multinationale intervient dans plusieurs pays du monde : aux Etats-Unis, au Canada, au Perou etc, y compris en Afrique. Son modus operandi, c’est qu’elle creusait d’immenses trous dans le sol de certains pays en bouleversant l’économie et les écosystèmes. Et après de nombreuses années d’exploitation, lorsqu’il n’y a plus d’or à extraire, pliait bagages et partait. Face à la critique des organisations de la société civile, elle s’est dotée de codes d’éthique professionnelle qui l’amènerait aujourd’hui à s’impliquer dans le développement durable et sa responsabilité sociale l’amènerait aujourd’hui à construire des routes, des hôpitaux et des écoles à côté des sites d’exploitation et de nettoyer les lieux avant de partir. Un autre exemple de la prédation des firmes multinationales en Afrique c’est la République démocratique du Congo. En République démocratique du Congo il y a une firme multinationale qui s’appelle American Mineral Field International. C’est une société qui a été créé en 1979 et dont le seul but, c’est de faciliter la tâche aux entreprises américaines pour s’accaparer ou profiter des ressources naturelles du continent africain. Pendant la guerre au Congo, lorsque les rebelles sont partis du sud pour aller vers la capitale, avant même d’arriver dans la capitale, les rebelles de Laurent Désiré Kabila ont signé 3 contrats d’exploitation minière avec cette société américaine et cette société en a profité pour leur donner une avance de 50 millions de dollars en attendant qu’ils arrivent dans la capitale. Lorsque Kabila père a été tué, il a été remplacé par son fils Joseph Kabila, ce dernier est arrivé dans un contexte où il y a eu l’émergence des Bric, c’est-à -dire les nouveaux les pays émergents, donc on a eu de plus en plus la présence chinoise en Afrique, donc les Chinois sont venus s’intéresser aux ressources naturelles du Congo, ils ont signé un contrat d’une valeur de 3 millions de dollars dans le Sud au Katanga ce qui a posé des problèmes parce que ces contrats léonins ne profitent pas à la population du Congo. Un autre pays africain est aussi affecté par la présence des firmes multinationales c’est le Soudan. Au Soudan depuis les observations de la Commission d’enquête de l’ONU en 2002, le canadien Talisman qui est l’équivalent de British Petroleum au Canada est reconnu non seulement pour avoir exploité le pétrole au Soudan mais d’avoir aidé le gouvernement à commettre des exactions sur les populations des villages par exemple ont été incendiés des populations ont été déplacées de leurs terres pour exploiter le pétrole etc. C’est au prix donc du versement du sang que le gouvernement soudanais a signé des contrats léonins d’exploitation du pétrole avec les firmes multinationales du Canada, de la Chine mais également de la Malaisie. Les populations locales dans ces conditions sont les grands perdants de l’exploitation de ces ressources naturelles qui ne profitent pas aux populations. Un autre exemple important du caractère nocif des firmes multinationales en Afrique c’est la Sierra Leone. En Sierra Leone, la guerre a été atroce, les rebelles, la violence avec laquelle ils s’attaquaient aux civils, a amené la communauté internationale à réfléchir sur les guerres en Afrique. Malgré tout, pendant que la guerre se déroulait, les firmes multinationales ont profité de la situation de chaos pour signer des contrats avec le gouvernement et les rebelles. Par exemple des firmes multinationales vu la vulnérabilité du pays ont signé des contrats d’exploitation de 25 ans de l’or et du diamant de la Sierra Leone, alors que la Sierra Leone est connu comme l’un des pays qui regorge de ressources diamantifères, et c’est la raison pour laquelle, après la guerre, a été initié ce qu’on appelle le Processus de Kimberley qui est un processus de certification du diamant, validé par les gouvernements, les mouvements de la société civile et l’industrie du diamant pour certifier la licéité de l’exploitation du diamant et de sa vente sur le marché international. En Angola également, pays qui regorge énormément de pétrole, Médecin sans frontières a souvent dénoncé les abus contre les populations qui manifestaient contre l’exploitation des ressources naturelles de leur pays. En somme donc, l’Afrique regorge de ressources naturelles, 15% du pétrole mondial se trouve en Afrique, mais les Africains ne profitent pas de l’exploitation de ces ressources naturelles, à cause de l’incurie des gouvernements qui préfèrent fermer les yeux et obtenir des rentes de situation. En gros donc, pour mieux tirer profit de ces ressources qui peuvent être rentables au niveau des marchés internationaux, les dirigeants africains gagneraient à mieux, encadrer, organiser l’exploitation de ces ressources naturelles, mais également de signer des contrats plus justes au bénéfice des populations et au bénéfice de l’Afrique dans sa globalité. Nous vous remercions de votre aimable attention.