Bonjour à tous. Donc dans cette présentation d’aujourd’hui nous voulons à travers cette présentation déconstruire l’imaginaire belliqueux de la religion musulmane en prenant l’exemple de l’islam sénégalais. Car aujourd’hui l’islam est devenu un fonds de commerce, il est entre deux feux, le feu des intégristes musulmans mais également le feu des partis d’extrême droite. Récemment un parti a été créé en Allemagne, son programme est la lutte contre l’immigration et contre l’islam. Alors que l’islam dans sa trajectoire a offert des visages de tolérance, d’esprit critique et de diversité. Pourquoi donc ces stéréotypes sur la religion musulmane ? A travers cette présentation nous voulons montrer que l’islam offre parfois des visages de tolérance et d’ouverture. Alors pour faire cette présentation, nous allons procéder en trois étapes : dans un premier temps nous allons rappeler le contexte de succession du prophète qui est à l’origine de ces incompréhensions. Ensuite nous reviendrons sur un exemple d’esprit de tolérance qu’on appelle l’esprit de Cordoue et nous terminerons par l’islam soufi avec le cas de l’islam sénégalais. Le décès du prophète : une succession mal négociée. Lorsque le prophète est décédé, paix et salut sur lui, il y avait quatre successeurs qui étaient présents. Il y avait Ali, Abu Bakr, Othman et Omar. Il pensait que la succession allait être facile mais ça ne l’a pas été. Pourquoi ? Parce que la religion est du domaine de la foi, mais le pouvoir ne saurait s’accommoder des considérations affectives. L’esprit lumineux du début a été écarté et il y a avait deux mouvements en présence. Nous avions d’une part ceux qu’on appelle les modérés, qu’on appelle aussi les sunnites qui étaient pour un islam médian et d’autre part nous avions les chiites, qui étaient contre, réfractaires à toute forme de régulation. Cette subdivision-là divise encore la religion aujourd’hui car 88% des musulmans dans le monde sont des sunnites et 11% sont des shiites. Pourtant l’islam, dans sa trajectoire, a souvent offert des esprits d’ouverture et de tolérance, il en est un exemple c’est l’exemple de Cordoue qu’on appelle l’exemple même de la tolérance musulmane. A Cordoue en Espagne, le deuxième souverain Abou Yacoub Youssouf était considéré comme un ami et protecteur des philosophes. Averroès, la lumière musulmane de l’occident, ses parents étaient des magistrats et donc il incarnait la rigueur et l’intégrité dans toute sa noblesse. Averroès lui-même était un médecin et un philosophe, il était souvent invité par le souverain pour lui expliquer des passages du grand philosophe grec Aristote parce que c’était un spécialiste de la Grèce mais particulièrement d’Aristote. Son intelligence était le témoignage de cet esprit d’effervescence qui régnait en Espagne durant cette période. Tous les spécialistes de l’islam musulman de l’Espagne ont reconnu le caractère ouvert de la société à cette époque où les communautés vivaient en parfaite harmonie, particulièrement entre les juifs et les musulmans. Alors cet esprit de Cordoue peut être un modèle de tolérance et d’ouverture vers les autres communautés religieuses. Il en est une autre déclinaison de l’islam c’est ce qu’on appelle l’islam soufi. Le soufisme est une version de l’islam qui met l’accent sur le détachement, la contemplation et l’exercice se fait dans le cadre d’une confrérie. Le premier fondateur du soufisme est Ibn Arabi. Donc dans l’islam soufi, les disciples se retrouvent autour d’un maître, mais également ils peuvent avoir des fonctions temporelles, par exemple ces commerçants, qui sont commerçants le jour et qui peuvent se regrouper le soir autour de leur maître. Ils ont des pratiques, mais ces pratiques n’ont jamais compromis la religion musulmane. Par exemple les confréries mourides étudiantes au Sénégal n’ont jamais remis en cause la religion musulmane ou les dogmes religieux, ils les ont toujours appliqués de manière scrupuleuse, que ça soit la prière, que cela soit le jeûne, que cela soit le pèlerinage aux lieux saints de l’islam. Et une autre déclinaison du soufisme, c’est son attachement à la lutte contre la pauvreté, donc c’est une doctrine musulmane qui met l’accent sur l’aide aux gens les plus faibles aux gens les plus pauvres. Donc d’une certaine manière le soufisme peut être considéré comme un humanisme musulman. Au Sénégal, l’islam soufi a réussi à devenir un moteur social, un intégrateur mais également un réducteur des tensions sociales. Par exemple, lorsqu’il y a des difficultés entre les pouvoirs, les différentes forces temporelles, par exemple à la veille des élections, les leaders politiques ne s’adressent pas au ministre de l’intérieur qui est l’incarnation du pouvoir temporel, mais ils se dirigent vers les foyers religieux à Touba, à Tivaouane, à Ndiassane etc. Et ce sont ces hommes sacrés qui vont intercéder auprès des politiques pour baisser les tensions sociales pour des élections apaisées. Par exemple aussi lorsque l’Etat refuse de payer aux étudiants leurs bourses, ces étudiants qui descendent dans la rue, ils vont s’adresser aux hommes religieux, les hommes de religion vont intercéder, l’Etat va payer leurs bourses. Il en est de même des syndicats, qui lorsqu’ils ont des problèmes avec l’Etat, également s’adressent à ces hommes religieux qui sont des réducteurs de tensions sociales. Mais ils ont également réussi à créer une parfaite harmonie interconfessionnelle. Le Sénégal est un pays musulman à 90%, 5% de chrétiens, les autres 5% représentent des animistes et des religions traditionnelles, pourtant, il y a une parfaite harmonie entre ces différentes communautés religieuses, ou même parfois des cousinages à plaisanterie où les gens se plaisent à se rencontrer, à s’échanger, et vivent en parfaite harmonie. Vous pouvez rentrer dans une famille, vous trouvez qu’une partie de la famille est d’origine musulmane et l’autre partie d’origine chrétienne, mais cela n’a jamais entrainé des luttes ou des batailles interconfessionnelles. Par conséquent, l’islam, dans sa trajectoire et sa diversité peut offrir des formes de tolérance, mais aujourd’hui, le discours médiatique, l’islam comme fonds de commerce fait aussi vivre et fait aussi vendre, à la fois pour les intégristes musulmans mais également dans les pays occidentaux les partis d’extrême droite qui jouent sur les peurs pour gagner des voix et accéder aux élections. Nous vous remercions de votre aimable attention.